🇺🇸 L’université Columbia annule sa grande cérémonie de remise de diplômes
L’université Columbia à New York, épicentre du mouvement pro-palestinien des campus américains, a annoncé lundi renoncer à sa grande cérémonie de remise de diplômes et privilégier des événements modestes et “festifs”, après trois semaines de colère condamnée par Joe Biden et réprimée par la police.
L’établissement privé et réputé du nord de Manhattan, où des activistes et des étudiants ont été délogés le 30 avril par des centaines de policiers anti-émeute, a annulé de fait “la grande cérémonie de l’université prévue le 15 mai”.
Ces “graduations” aux États-Unis représentent le grand rendez-vous institutionnel de la vie universitaire et scolaire du pays quand, à la fin du printemps, étudiants et élèves en tenue traditionnelle sont mis à l’honneur par le corps enseignant devant leurs familles.
“Toutes les cérémonies scolaires programmées sur la pelouse sud du campus Morningside seront déplacées” de cet immense site ouvert et arboré du nord de Manhattan vers un complexe sportif, a indiqué Columbia, qui accueille 37.000 étudiants et des milliers de professeurs et membres du personnel.
Cette prestigieuse université privée, au budget d’une grande entreprise financée par des donateurs et des investissements financiers, a été secouée depuis le 17 avril par des manifestations et l’occupation d’une pelouse et d’un bâtiment.
Étudiants non violents
Avant que ces militants et étudiants pro-palestiniens non violents ne soient délogés par la police de New York à la demande écrite de la présidente de Columbia, Minouche Shafik.
Leur “village”, un campement de quelques tentes, a aussi été démantelé la semaine dernière, comme dans nombre d’universités de la Californie à la côte est en passant par le sud et le centre des États-Unis.
Columbia va privilégier dorénavant des cérémonies de remise de diplômes plus petites du 10 au 16 mai car “nos étudiants ont souligné le fait que ces cérémonies de plus petite échelle étaient les plus importantes pour eux et leurs familles”, a insisté Columbia, en ajoutant: “Ces dernières semaines ont été incroyablement difficiles pour notre communauté”.
Columbia est un foyer historique de la contestation étudiante depuis la guerre du Vietnam et le mouvement des droits civiques dans les années 1960-1970. L’université a été l’une des premières à se mobiliser au début de la guerre que conduit Israël contre le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.
Très critiquĂ©e par des Ă©tudiants et enseignants pour avoir fait appel Ă la police — une intervention manu militari dont les images ont fait le tour du monde — la prĂ©sidente Shafik, Ă©conomiste amĂ©ricaine d’origine Ă©gyptienne de renom, s’est justifiĂ©e vendredi par la “tourmente” et l’”acte violent” qui ont dĂ©stabilisĂ© selon elle Columbia.
À l’autre bout du pays, les cours en présentiel vont reprendre à l’université de Californie à Los Angeles (UCLA), après des affrontements entre des manifestants et la police.
Arabo-musulmans et juifs
Depuis vendredi, le mouvement national pour la cause palestinienne – qui compte des jeunes arabo-musulmans mais aussi des juifs de gauche antisionistes – cherche un nouveau souffle aux Etats-Unis.
Nombre de campements ont été démantelés et des milliers de personnes interpellées, parfois arrêtées et poursuivies en justice pour “délit d’intrusion”.
Outre un règlement à la guerre à Gaza, des jeunes américains exigent que les universités rompent leurs relations universitaires avec Israël en se désengageant d’investissements économiques.
Dans une Amérique qui compte des millions de juifs et de musulmans, des étudiants et militants dénoncent l’appui quasiment inconditionnel des Etats-Unis à leur allié militaire et diplomatique israélien engagé dans une offensive massive dans la bande de Gaza, en représailles à l’attaque du Hamas le 7 octobre sur son sol.
“Vietnam de Biden”
Jeudi, le président démocrate Joe Biden, longtemps muet sur les manifestations, a martelé que “l’ordre devait prévaloir”. “Il existe un droit à manifester, pas un droit à provoquer le chaos”, a lancé le dirigeant de 81 ans, qui doit affronter l’ancien président républicain Donald Trump, 77 ans, à la présidentielle de novembre.
Les manifestations ont ravivé le débat aux Etats-Unis, déjà tendu voire violent depuis l’attaque du Hamas, sur la liberté d’expression, l’antisionisme et ce qui constitue de l’antisémitisme.
Donald Trump a qualifié les manifestants de “tarés de la gauche radicale”, qu’il faut “arrêter maintenant”, son Parti dénonçant le “virus de l’antisémitisme” sur les campus.
Pour la gauche, le mouvement “pourrait être le Vietnam de Biden”, a averti le sénateur indépendant Bernie Sanders qui redoute qu’il ne perde “non seulement les jeunes, mais aussi une grande partie de la base démocrate”.
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