đŸ‡ȘđŸ‡ș L’UE poursuit Apple, Google et Meta pour violations prĂ©sumĂ©es des nouvelles rĂšgles de concurrence

đŸ‡ȘđŸ‡ș L’UE poursuit Apple, Google et Meta pour violations prĂ©sumĂ©es des nouvelles rĂšgles de concurrence

La Commission européenne a lancé lundi des procédures contre Apple, Alphabet (Google) et Meta (Facebook, Instagram) pour des infractions présumées aux rÚgles européennes de la concurrence, une premiÚre dans le cadre du nouveau rÚglement sur les marchés numériques (DMA).

L’exĂ©cutif europĂ©en dialogue depuis des mois avec les trois gĂ©ants amĂ©ricains de l’internet au sujet de leur plan de mise en conformitĂ© aux rĂšgles entrĂ©es en vigueur dĂ©but mars.

AprĂšs des annĂ©es Ă  courir en vain derriĂšre leurs abus de position dominante, en raison d’une lĂ©gislation insuffisamment dissuasive, la Commission espĂšre s’ĂȘtre dotĂ©e avec le DMA d’une arme suffisamment puissante pour les faire plier. “Nous pouvons dĂ©jĂ  observer des changements sur le marchĂ©. Mais nous ne sommes pas convaincus que les solutions proposĂ©es par Alphabet, Apple et Meta respectent leurs obligations”, a dĂ©clarĂ© lundi le commissaire europĂ©en au NumĂ©rique, Thierry Breton.

L’UE veut ouvrir enfin les marchĂ©s numĂ©riques, protĂ©ger l’émergence et la croissance de start-up en Europe et amĂ©liorer le choix offert aux utilisateurs. Les procĂ©dures annoncĂ©es reprennent des griefs bien connus. L’exĂ©cutif europĂ©en espĂšre les conclure dans un dĂ©lai maximum de 12 mois.

Les logos d’Apple, Google, Meta et le drapeau europĂ©en. © AFP

Pratiques monopolistiques

La Commission ouvre ainsi une enquĂȘte contre Alphabet, soupçonnĂ© d’avoir exploitĂ© le quasi-monopole de son moteur de recherche Google pour favoriser, grĂące Ă  de meilleurs rĂ©fĂ©rencements, ses propres services de comparateurs de prix au dĂ©triment des concurrents dans la recherche d’hĂŽtels, de billets d’avion ou d’autres biens de consommation vendus en ligne.

Google a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© condamnĂ© en 2017 Ă  une amende de 2,4 milliards d’euros pour ce motif. Mais les remĂšdes proposĂ©s n’ont jamais Ă©tĂ© jugĂ©s satisfaisants.

Alphabet et Apple sont par ailleurs visĂ©s pour des restrictions dans leurs magasins d’applications Google Play et App Store. Selon la Commission, les deux groupes “limitent la capacitĂ© des dĂ©veloppeurs Ă  communiquer et Ă  promouvoir librement leurs offres et Ă  conclure directement des contrats” avec les utilisateurs finaux, “notamment en imposant divers frais”.

Sur ce dossier, Apple s’est dĂ©jĂ  vu infliger dĂ©but mars une amende de 1,8 milliard d’euros par la Commission, au terme d’une enquĂȘte ouverte en juin 2020 aprĂšs une plainte de la plateforme de streaming musical Spotify.

Jeudi, le gouvernement amĂ©ricain a Ă©galement assignĂ© Apple en justice pour pratiques monopolistiques en raison des contraintes fixĂ©es par le groupe californien aux dĂ©veloppeurs d’applications.

Abus de position dominante

La Commission europĂ©enne a ouvert une autre procĂ©dure visant Apple pour une infraction prĂ©sumĂ©e Ă  l’obligation d’offrir aux utilisateurs un moyen de dĂ©sinstaller facilement les applications par dĂ©faut sur le systĂšme d’exploitation iOS qui Ă©quipe ses cĂ©lĂšbres iPhone.

Elle craint en particulier que “la conception de l’écran de choix du navigateur web n’empĂȘche les utilisateurs d’exercer vĂ©ritablement leur choix” d’une alternative Ă  Safari.

Meta, géant des réseaux sociaux, est lui visé pour manquement à la rÚgle qui le contraint à demander le consentement des utilisateurs afin de pouvoir combiner des données personnelles, issues de ses différents services, à des fins de profilage publicitaire.

Pour se conformer, Meta a proposĂ© aux utilisateurs de Facebook et Instagram un abonnement payant qui permet d’éviter d’ĂȘtre ciblĂ© par la publicitĂ©. Mais les utilisateurs qui souhaitent conserver un service gratuit doivent consentir Ă  livrer leurs donnĂ©es personnelles.

La Commission estime que “le choix binaire imposĂ© par le modĂšle de Meta ‘payer ou consentir’ n’offre pas de vĂ©ritable alternative aux utilisateurs qui ne donneraient pas leur consentement”.

Elle va par ailleurs rassembler des informations sur le systĂšme de rĂ©fĂ©rencement d’Amazon, craignant qu’il ne favorise ses propres marques de produits dans les rĂ©fĂ©rencements sur son site d’e-commerce.

Elle va Ă©galement se pencher sur le nouveau systĂšme de tarification d’Apple qui pourrait enfreindre son obligation de permettre des tĂ©lĂ©chargements d’applications sur des boutiques alternatives Ă  son App Store.

Avec le DMA, la Commission entend agir plus vite et plus fort pour faire cesser les abus de position dominante, grùce à des obligations et interdictions fixées en amont.

Le nouveau rĂšglement prĂ©voit des amendes pouvant aller jusqu’à 20% du chiffre d’affaires mondial en cas d’infraction grave et rĂ©pĂ©tĂ©e (contre 10% jusqu’ici). La Commission s’est Ă©galement dotĂ©e d’un pouvoir de dĂ©mantĂšlement des contrevenants, une arme de dissuasion et de dernier recours.

La commissaire europĂ©enne Ă  la Concurrence Margrethe Vestager et le commissaire europĂ©en au marchĂ© intĂ©rieur Thierry Breton lors d’une confĂ©rence sur les enquĂȘtes sur Apple, Google, Meta Ă  Bruxelles, le 25 mars 2024. © AFP