🌍 L’assèchement des marais mésopotamiens menace de déstabiliser le Moyen-Orient

🌍 L’assèchement des marais mésopotamiens menace de déstabiliser le Moyen-Orient

À la frontière entre l’Iran et l’Irak, les marais mésopotamiens s’assèchent dangereusement, provoquant des tempêtes de poussière, des incendies, des migrations et une crise écologique majeure qui pourrait déstabiliser la région.

Une catastrophe écologique en cours

Depuis plusieurs semaines, des tempêtes de poussière étouffent les populations iraniennes et irakiennes, entraînant l’hospitalisation de milliers de personnes. Ce phénomène est lié à la dégradation rapide des zones humides de Hoor al-Hawizeh, partagées entre les deux pays, et plus particulièrement des marais de Hoor al-Azim en Iran. Ces zones humides, autrefois riches en biodiversité et en ressources, ont joué un rôle crucial en piégeant les sédiments et en maintenant l’humidité du sol.

Mais leur rétrécissement, causé par la construction de barrages en amont, la guerre, le changement climatique et les activités pétrolières, a laissé place à de vastes étendues de sédiments secs et instables. Sous l’effet des vents, ces sols arides se transforment en tempêtes de poussière de plus en plus fréquentes et violentes.

Impacts environnementaux et humains

La perte de ces écosystèmes fragiles entraîne une grave menace pour la faune locale, avec notamment la disparition d’espèces comme les tortues à carapace molle, certains oiseaux et poissons.

Les marais mésopotamiens sont pourtant reconnus pour leur importance : Hoor al-Hawizeh est classé patrimoine mondial de l’UNESCO et certaines zones sont protégées par la convention de Ramsar. Pourtant, la moitié de la surface originelle de Hoor al-Azim a déjà disparu depuis les années 1970, sous l’effet combiné de l’exploitation pétrolière, de l’agriculture, des barrages et du climat.

Cette dégradation a causé des déplacements de populations, accentué la pauvreté locale et réduit la productivité agricole. Elle a aussi exacerbé les risques de conflits et de tensions politiques dans une région déjà fragile.

Crises sanitaires et sociales

En juillet 2021, des protestations majeures ont éclaté en Iran, notamment dans la province du Khouzistan, en raison de la sécheresse et des pénuries d’eau, réprimées violemment par les autorités. La situation reste tendue, aggravée par des étés caniculaires avec des températures dépassant les 55 °C.

En mai 2025, les hôpitaux du Khouzistan ont accueilli quotidiennement près d’un millier de malades atteints de pathologies liées aux tempêtes de sable et à la pollution atmosphérique, elle-même amplifiée par les incendies de forêt qui ont ravagé plusieurs milliers d’hectares des marais.

Un problème à la croisée des enjeux politiques et économiques

La région, riche en pétrole, voit ses marais endommagés notamment par les infrastructures liées à l’extraction, comme les routes et les pipelines, qui perturbent les flux d’eau naturels.

Face aux critiques, le gouvernement iranien reconnaît sa responsabilité dans l’assèchement et promet désormais de prioriser les besoins des populations locales.

Par ailleurs, les barrages construits en amont par l’Iran, l’Irak et la Turquie limitent l’eau disponible pour alimenter les marais, alimentant des tensions entre ces pays sur le partage des ressources hydriques.

Vers une coopération internationale ?

L’avenir des marais mésopotamiens dépend en grande partie d’une collaboration régionale renforcée. La prochaine Convention de Ramsar sur les zones humides, prévue en juillet 2025 au Zimbabwe, pourrait être une occasion clé pour discuter de la situation et encourager des solutions diplomatiques.

Les experts appellent à des mesures intégrées pour restaurer les zones humides, prévenir les incendies, gérer durablement les ressources en eau et lutter contre la pollution, dans un contexte où les enjeux environnementaux se mêlent étroitement aux tensions politiques et sociales.


L’assèchement des marais mésopotamiens n’est pas seulement une catastrophe écologique, mais un facteur susceptible de déstabiliser toute une région par ses conséquences humanitaires, économiques et géopolitiques.