🇧🇪 Un gynécologue accusé du viol de huit femmes…
Le parquet a requis mercredi cinq ans de prison à l’encontre d’un gynécologue pour le viol de huit patientes lorsqu’il exerçait au sein de l’hôpital AZ Turnhout, dans le Limbourg. Le médecin avait été renvoyé de l’établissement fin 2018. “Bien sûr que j’introduis mes doigts dans le vagin des femmes. Un dentiste va aussi avec ses doigts dans la bouche des patients”, se défend-il.
Une première victime avait porté plainte en février 2014. Une semaine plus tôt, cette femme s’était rendue à une consultation pour une mycose vaginale. “Il lui a demandé si elle avait déjà eu des orgasmes. Elle a dû se mettre à quatre pattes pendant qu’il cherchait le clitoris. Il a continué à le masser jusqu’à ce qu’elle jouisse. Il a ajouté qu’elle pouvait toujours revenir si elle désirait un autre orgasme”, détaille le procureur Hanne Hendrickx.
Le parquet tient à préciser qu’à l’époque, le gynécologue ne faisait l’objet que d’une seule plainte. C’était la parole de la victime contre la sienne, ce qui a rendu l’affaire plus difficile. Mais l’année suivante, une deuxième plainte a été déposée contre le même médecin. “Sa déclaration était presque identique à la plainte déposée un an auparavant. Lorsqu’il est apparu qu’une plainte avait également été déposée contre Ben V.R. en 1994, alors qu’il travaillait encore à l’UZ Leuven, il a été arrêté pour être interrogé”.
“Il lui a demandé si elle pouvait avoir un orgasme de cette façon”
Ce n’est qu’en 2018 que le gynécologue a été licencié par l’hôpital. Après la parution dans la presse des raisons de son licenciement en octobre de cette année, six victimes supplémentaires se sont signalées à la police. L’homme comparait donc pour le viol de huit femmes.
D’après l’analyse de son téléphone, il apparait que le prévenu regardait des vidéos pornographiques juste avant, juste après et même pendant les consultations. Toutefois, il n’est pas poursuivi pour cela. “Ce n’est pas punissable, mais cela en dit long sur la manière dont il exerçait son métier”, poursuit Hanne Hendrickx. “Aucune femme ne voudrait écarter les jambes en sachant que son gynécologue a regardé du porno une minute plus tôt”.
“Ma cliente s’est rendue à une consultation pour se faire retirer un stérilet”, explique Jean-Luc Schuermans, l’avocat d’une autre plaignante. “Alors qu’elle pensait que la consultation était terminée, elle a dû se mettre à quatre pattes sur la table. Il l’a alors touchée et pénétrée avec ses doigts à plusieurs endroits du vagin. Il lui a demandé si elle pouvait avoir un orgasme de cette façon. D’après elle, cela a duré 15 à 20 minutes. Ce n’est que lorsqu’il a remarqué qu’elle n’avait pas joui qu’il a arrêté. Selon un expert, la stimulation du clitoris et le déclenchement d’un orgasme ne sont jamais pratiquées lors d’un examen gynécologique. Il a utilisé les ‘examens’ pour assouvir ses propres appétits sexuels”.
Chez toutes les plaignantes, les témoignages vont dans le même sens. L’homme aurait également posé des questions inappropriées, par exemple si elles faisaient des fellations à leur mari. Des questions qui sortaient complètement du cadre de l’examen médical.
“La plupart de mes patientes me sont reconnaissantes, mais ces huit femmes sont ingrates”
L’homme estime pour sa part que tous les gestes posés sur ses patientes étaient médicaux. “Avoir des douleurs pendant les rapports sexuels est un problème courant. Je voulais leur montrer ce qu’il fallait faire pour avoir moins de douleur lors de la pénétration”, explique-t-il pour justifier ses gestes. “Pour cela, j’ai introduit deux doigts dans le vagin et je leur ai demandé de pousser. Ensuite, le vagin s’ouvre et la douleur est moins forte. Je le fais de cette façon depuis 30 ans, trois à quatre fois par semaine. Les femmes ressentent ainsi que la pénétration sans douleur est possible. La plupart des patientes m’en sont reconnaissantes, mais ces huit femmes sont ingrates”.
Et le massage du clitoris? “Lorsque vous introduisez vos doigts dans un vagin, il est toujours possible que vous touchiez accidentellement le clitoris avec votre pouce. Mais ce n’est pas la même chose que de stimuler délibérément le clitoris. Et lorsque je demande à une patiente quelle position elle utilise pendant les rapports sexuels, cela peut avoir de l’importance. Par exemple, si une personne ressent des douleurs après la pose d’un stérilet. La position à quatre pattes? Il est plus facile de détecter l’endométriose de la sorte”.
Lors de sa comparution, Ben V.R. était assisté de l’avocat Walter Damen. Selon lui, l’enquête n’a pas été menée de manière correcte et objective. “En 30 ans de carrière, mon client a examiné 13.500 patientes. Huit d’entre elles affirment qu’il s’est produit quelque chose d’anormal. Je retiens surtout qu’il y a encore x patientes qui lui font confiance et qui n’ont jamais eu à se plaindre de son travail”.
Le tribunal rendra son jugement le 12 octobre. Le parquet a requis cinq ans de prison à l’encontre du gynécologue.
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