🇸🇳 Rapport 2024 de la CENTIF : Alerte sur l’explosion des infractions économiques au Sénégal

🇸🇳 Rapport 2024 de la CENTIF : Alerte sur l’explosion des infractions économiques au Sénégal

Le dernier rapport d’activités de la Cellule nationale de Traitement des Informations financières (CENTIF) met en lumière une recrudescence inquiétante des crimes économiques et financiers au Sénégal, avec des montants en jeu atteignant plusieurs dizaines de milliards de francs CFA.

Escroqueries sur fonds publics, corruption, trafic d’influence, blanchiment de capitaux via les plateformes en ligne : la CENTIF tire la sonnette d’alarme. Dans son rapport 2024, l’organe de lutte contre le blanchiment de capitaux note une intensification de ces infractions économiques, qualifiées de « sensibles », et qui ont conduit à la saisine des autorités judiciaires pour enquêtes approfondies.

Hausse notable des opérations suspectes

Au total, 928 déclarations d’opérations suspectes (DOS) ont été reçues en 2024, contre 807 en 2023, soit une augmentation de 15 %. Une large majorité de ces signalements — 83 % — proviennent des banques et établissements financiers, ce qui confirme leur rôle de vigie dans le dispositif national de lutte contre le blanchiment.

Les déclarations de transactions en espèces (DTE) ont quant à elles connu une hausse spectaculaire de 151 %, avec un volume passant de 16,9 millions à plus de 42,7 millions de F Cfa. Cette progression, selon le rapport, témoigne d’une meilleure appropriation des mécanismes de vigilance financière par les assujettis, en particulier les banques, établissements financiers et émetteurs de monnaie électronique.

Des infractions en constante évolution

D’après la CENTIF, les infractions présumées les plus fréquentes en 2024 sont la fraude, la corruption et les violations de la réglementation des changes. Pour le président de la cellule, Mouhamadou Bamba Siby, cité par L’Observateur, cette tendance reflète « une attention accrue aux risques de blanchiment, de financement du terrorisme, mais aussi une répression plus ferme des crimes économiques » grâce notamment à l’opérationnalisation du Pool judiciaire financier (PJF).

Des soupçons de blanchiment à très grande échelle

Le rapport mentionne un dossier emblématique, mettant en cause un individu désigné sous le nom de Monsieur ALPHA, identifié comme une personne politiquement exposée (PPE). Ce dernier aurait reçu des virements émanant d’une administration publique sur plusieurs années, pour un montant global de plusieurs dizaines de milliards de francs CFA. Les fonds, selon la CENTIF, ont transité par divers mécanismes, notamment des bons de caisse, des dépôts à terme et la création de sociétés civiles immobilières (SCI), laissant présumer une opération sophistiquée de blanchiment d’argent.

Entre 2017 et 2024, les mouvements observés sur les comptes de Monsieur ALPHA font état d’une activité financière intense et suspecte, aujourd’hui au cœur de plusieurs investigations.