Procès de l’assassinat de Sankara: les parties civiles demandent que le procès soit filmé
Le Burkina Faso se prépare pour l’ouverture lundi 11 octobre du procès de l’assassinat de Thomas Sankara, 34 ans après les faits. Un moment d’histoire, que certains voudraient voir filmer et enregistrer intégralement.
Les salles d’audience sont d’ordinaire interdites aux caméras. Vendredi, plusieurs associations et parties civiles ont envoyé une lettre au président de la chambre de première instance du tribunal militaire de Ouagadougou pour que l’on déroge à cette règle. Ils demandent l’enregistrement, et surtout la diffusion, de ce procès dans son intégralité.
Aïda Kiemdé vit en Europe. Elle n’a que trois mois quand son père Frédéric Kiemdé est tué aux côtés de Thomas Sankara et qu’elle doit fuir le Burkina Faso. Elle plaide aujourd’hui pour une diffusion du procès.
« C’est important pour l’histoire »
« Je suis loin du Burkina, cela me permettra, vu que je ne pourrai pas assister au début du procès, de savoir si tout se passe. D’une autre part, je pense que c’est important pour l’histoire et j’espère que cela sera également un moyen de convaincre les autres politiciens que tout ne se résout pas par des assassinats », explique celle pour qui cette question est cruciale.
Un événement d’exception nécessite des mesures d’exception, plaide Luc Damiba, le secrétaire général du comité du mémorial Thomas Sankara : « 34 ans après, le peuple a besoin de connaître la vérité et d’entendre l’accusé. Nous voulons que le procès soit enregistré pour l’histoire, archivé et ensuite diffusé. »
« Le besoin d’enregistrer est aussi pédagogique. Pour une fois, une justice nationale juge un ancien président pour assassinat. La justice doit être faite même 34 ans après et connue de tout le monde », rajoute-t-il.
« L’Afrique a besoin d’un aide-mémoire »
Filmer ce procès est aussi une question d’utilité démocratique plaident d’autres. « C’est le procès d’un coup d’État qui date d’il y a 34 ans et le nouveau printemps, il y a un nouveau coup d’État qui se joue actuellement. L’Afrique a besoin d’un aide-mémoire comme celui-ci pour que les uns et les autres se disent que nos actions d’aujourd’hui peuvent nous rattraper. Même si c’est dans dix, vingt ou trente ans, on peut avoir à rendre des comptes », déclare Maître Guy Hervé Kam, avocat des parties civiles.
Sur cette question, le président de la chambre de première instance rendra sa décision lundi, à l’ouverture du procès.
Rfi