🇲🇱🇳🇪 Approvisionnement en carburant : le Mali et le Niger s’accordent pour secourir le nord malien

🇲🇱🇳🇪 Approvisionnement en carburant : le Mali et le Niger s’accordent pour secourir le nord malien

Face à la pénurie d’hydrocarbures dans les régions septentrionales du Mali, Bamako et Niamey ont conclu un accord pour garantir l’approvisionnement jusqu’à fin 2025, malgré un contexte sécuritaire et logistique tendu.

Un « engagement mutuel » entre le Mali et le Niger a été scellé le vendredi 16 mai à Niamey, au terme d’une visite du ministre malien de l’Industrie et du Commerce, Moussa Alassane Diallo. Cet accord vise à assurer l’approvisionnement en carburant des régions du nord du Mali — notamment Ménaka, Gao, Kidal et Tombouctou — qui subissent une grave crise énergétique avec une flambée des prix à la pompe.

« Des accords ont été trouvés sur la quantité et le prix des produits pétroliers pour couvrir les besoins jusqu’au 31 décembre 2025 », a indiqué le ministre malien, saluant la coopération entre les deux pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES).

Le soutien nigérien face aux tensions algéro-maliennes

Cette initiative intervient dans un contexte de brouille diplomatique entre Bamako et Alger, qui a considérablement ralenti les flux informels de carburant algérien vers le nord du Mali. Le Niger, solidaire, a réaffirmé son engagement : « Le nord du Mali est pour nous comme une neuvième région », a déclaré le ministre nigérien du Commerce.

Cette solidarité entre voisins sahéliens est perçue comme une avancée stratégique. L’économiste Ibrahim Adamou Louché y voit « une volonté commune de bâtir une alliance économique durable entre États sahéliens partageant des intérêts stratégiques ».

Une coopération sous menace

Malgré cet optimisme, l’accord reste fragile, notamment à cause de l’insécurité grandissante dans les zones frontalières. Les convois de carburant, bien que 40 citernes aient déjà atteint Gao en début de mois, restent vulnérables aux attaques, notamment dans la région nigérienne de Tillabéri, foyer de violences armées.

En février, une grève des transporteurs de Gao avait paralysé l’acheminement après une attaque meurtrière. En avril, le Groupement malien des Professionnels du Pétrole (GMPP) appelait à des garanties sur la sécurité et l’utilisation des citernes.

Le ministre malien a tenu à rassurer les opérateurs du secteur, promettant que « toutes les mesures nécessaires seront prises sur le plan sécuritaire » pour garantir la fluidité des livraisons.

Des défis logistiques persistants

Outre la sécurité, la disponibilité même du carburant nigérien pose question. La raffinerie locale ne couvre qu’environ 50 % des besoins nationaux. Le reste provient du Nigéria ou transite via le port de Lomé, au Togo. Le succès de cet accord dépendra donc aussi de la capacité du Niger à mobiliser des volumes suffisants pour honorer ses engagements envers Bamako.

Un précédent accord entre les deux pays, conclu en 2023 pour 150 millions de litres de gasoil, avait permis de renforcer la production d’électricité au Mali. L’accord actuel, plus ciblé, vise à soutenir les besoins vitaux des régions enclavées du nord, prises en étau entre insécurité et isolement économique.