Sommet Biden-Poutine: une rencontre «constructive» mais sans annonce notable

Sommet Biden-Poutine: une rencontre «constructive» mais sans annonce notable

Les présidents américain et russe Joe Biden et Vladimir Poutine à Genève se sont rencontrés ce mercredi pour la première fois à Genève. Les pourparlers, à huis clos, ont duré un peu plus de trois heures. Les deux chefs d’État ont ensuite tenu deux conférences de presse séparées.

Vladimir Poutine a été le premier à s’exprimer. À l’issue d’une rencontre plus courte que prévu, de laquelle on n’attendait pas grand-chose, le président russe a fait état d’une « discussion franche et directe », « sans animosité ». « Sur beaucoup de questions nos évaluations divergent, mais les deux parties ont démontré un désir de se comprendre l’un, l’autre et de chercher les moyens de rapprocher les positions », a indiqué Vladimir Poutine, qualifiant Joe Biden de personne « constructive, équilibrée ». Voilà pour la tonalité.

Pour le reste, le président russe a déclaré qu’un certain nombre de consultations avaient été engagées sur la stabilité stratégique, les conflits régionaux et l’Arctique. Tous ces dossiers seront discutés au niveau ministériel entre le secrétariat d’État américain et le ministère russe des Affaires étrangères. Pour l’heure, donc, aucun engagement n’a été pris.

Retour des ambassadeurs

Seul signe un peu concret d’un certain dégel entre les deux puissances, Vladimir Poutine a indiqué qu’il avait convenu avec Joe Biden du retour de leurs ambassadeurs respectifs, rappelés plus tôt cette année pour consultations. Il a aussi jugé qu’un « compromis » sur un échange de prisonniers était possible.

Lors de sa conférence de presse, le président américain a également jugé la tonalité de ce sommet bilatéral, le premier depuis son accession à la Maison Blanche, « positive ». Mais il a assuré avoir mis en garde le chef du Kremlin contre toute interférence dans les élections américaines.« J’ai clairement dit que nous ne tolérerions pas les tentatives de violation de notre souveraineté démocratique ou de déstabilisation de nos élections démocratiques, et que nous répondrions », a déclaré Joe Biden. « Je pense que la dernière chose qu’il veut maintenant est une Guerre froide » avec les États-Unis, a-t-il ajouté.

Le président américain a insisté sur les cyberattaques, un fort point de contentieux avec la Russie, et a indiqué avoir transmis à son homologue une liste de 16 infrastructures inattaquables. « Je lui ai fait remarquer que nous avions une importante capacité cybernétique et qu’il le savait », a indiqué Joe Biden. Si la Russie viole certaines « normes fondamentales, nous répondrons ».

Au-delà de la tentative d’ingérence dans l’élection américaine de 2016 au profit de Donald Trump, des cyberattaques massives ont récemment agacé Washington. SolarWinds, Colonial Pipeline, JBS : autant d’opérations imputées à Moscou ou à des groupes de hackers basés en Russie. La Russie, qui a toujours démenti, accuse Washington de s’immiscer dans ses affaires en soutenant l’opposition ou en finançant organisations et médias critiques du Kremlin.

Des comparaisons « ridicules »

Comme Joe Biden s’y était engagé, la question des droits de l’homme a également été évoquée. Lors de sa conférence de presse, Vladimir Poutine s’est ainsi lancé dans une longue diatribe contre les États-Unis sur ce thème : de l’attaque du Congrès le 6 janvier à un bombardement de civils en Afghanistan en passant par les violences policières à l’encontre de la minorité afro-américaine.

Des comparaisons que le président américain a jugées « ridicules », estimant que son homologue établissait une fausse équivalence entre une attaque « de criminels » sur le Capitole à Washington le 6 janvier et les manifestations pacifiques de gens privés de leur liberté d’expression en Russie. « C’est une chose que des véritables criminels franchissent le cordon de sécurité, entrent de force dans le Capitole, tuent un agent de police et soient tenus pour responsables, c’en est une autre que des personnes manifestent près du Capitole et disent vous ne me laissez pas parler librement », a déclaré Joe Biden.

Quant au sort de l’opposant Alexeï Navalny, aujourd’hui emprisonné après voir failli mourir d’un empoisonnement qu’il accuse le Kremlin d’avoir fomenté, Vladimir Poutine a simplement déclaré : « Cet homme savait qu’il violait la loi en vigueur en Russie ». Joe Biden avait lancé cette semaine un avertissement au sujet du célèbre opposant. La mort de Navalny « serait une tragédie », avait-il dit. « Cela ne ferait que détériorer les relations avec le reste du monde. Et avec moi. »

RFI (Avec AFP)