🇦🇷 Sida : une patiente guérie naturellement du VIH sans traitement

🇦🇷 Sida : une patiente guérie naturellement du VIH sans traitement

Une femme argentine semble être totalement guérie du VIH, le virus du sida, sans jamais avoir pris de traitement contre cette maladie qui reste inguérissable. « Contrôleuse d’élite », cette « patiente Esperanza » apparaît comme un nouvel espoir dans la recherche d’un médicament contre le VIH.

Elle porte le pseudo de « patient Esperanza », « espérance » en espagnol, du nom de la ville d’Argentine dont elle est originaire. Une femme, qui souhaite rester anonyme, est manifestement guérie du VIH, le virus du sida, sans jamais avoir pris de traitement. Une guérison très rare, documentée une seule fois avant elle.

Selon le journal scientifique « Annals of Internal Medicine », l’analyse de quelque 1,2 milliard de cellules de cette patiente n’a pas permis d’identifier la présence du VIH. Bien que les auteurs précisent qu’une guérison du sida est impossible à prouver totalement de manière empirique, faute de pouvoir analyser l’ensemble des cellules de la patiente, cette absence du VIH malgré l’ampleur du test « suggère que ce patient pourrait avoir naturellement obtenu une guérison stérilisante de l’infection par le VIH-1 ».

En revanche, les analyses ont bien identifié des fragments de gènes viraux qui permettent d’affirmer que la patiente a bien été infectée à un moment donné par le VIH. Avant elle, seule une personne, le « patient de San Francisco », avait selon toute vraisemblance réussi à guérir du sida grâce à son immunité naturelle.

J’ai une famille en bonne santé. Je n’ai pas à me soigner et je vis comme si de rien n’était. C’est déjà un privilège.

Le « patient esperanza »Second cas de guérison « naturelle » du VIH, à NBC News.

Deux autres patients atteints du sida ont également été déclarés guéris, le « patient de Londres » et celui « de Berlin ». Toutefois, dans ces deux cas, ils avaient bénéficié d’une greffe de cellules souches car ils souffraient par ailleurs d’un cancer. Ce sont les cellules immunitaires du donneur qui semblent avoir bloqué l’infection par le VIH.

Ces patients restent par ailleurs probablement porteurs de réservoirs latents du virus du sida, c’est-à-dire qu’ils restent porteurs du VIH même si la charge virale reste en dessous des seuils de détection. Au contraire, de tels réservoirs n’ont pas été identifiés chez le « patient Esperanza ».

Des « contrôleurs d’élite » précieux pour les chercheurs

L’étude de ces patients remis naturellement du VIH, que l’on appelle des « contrôleurs d’élite », constitue un espoir pour la recherche. Chercheuse au Ragon Institute of Massachusetts General Hospital, au MIT et à Harvard, le Dr Xu Yu a expliqué au « Time » que la découverte de ce second cas laisse penser que, bien que rares, les contrôleurs d’élites pourraient être plus nombreux.

« De nombreux facteurs immunitaires pourraient jouer un rôle », selon elle. « Si nous avons une cohorte de ces cas extrêmement rares, cela nous permettra d’ analyser réellement leurs réponses immunitaires de manière plus approfondie et plus large et, espérons-le, nous donnera un indice sur les facteurs immunitaires qui contribuent le plus à cet état », explique-t-elle. « Ensuite, nous pourrons appliquer ce que nous apprenons à la population générale ».

Pas de guérison du sida grâce aux médicaments

Les traitements actuels du sida reposent sur des antirétroviraux. S’ils empêchent la multiplication du VIH dans l’organisme des malades, et leur permettent donc d’avoir une vie presque normale, ils ne permettent pas son éradication, et donc la guérison.

Selon l’ONUSIDA, le Programme commun des Nations unies sur le VIH, quelque 38 millions de personnes étaient malades du sida dans le monde en 2020, dont 1,5 million infectées cette année-là. Toutefois, seuls 27,5 millions de personnes avaient accès à la thérapie antirétrovirale en 2020. La mortalité liée au sida a diminué de 53 % chez les femmes et les filles et de 41 % chez les hommes et les garçons depuis 2010. 680.000 personnes sont mortes du sida en 2020.

Par Paul Turban – lesechos.fr