Proche-Orient: une nouvelle nuit sous les bombes vécue par les habitants d’Israël et des Territoires palestiniens

Proche-Orient: une nouvelle nuit sous les bombes vécue par les habitants d’Israël et des Territoires palestiniens

Au Proche-Orient, c’est une nouvelle nuit sous les bombes qu’ont vécu les habitants d’Israël et des Territoires palestiniens ; et au réveil, le cauchemar se poursuit. Jour après jour, Israël et la bande de Gaza basculent dans un nouveau conflit. Aux roquettes des groupes armés palestiniens, l’armée israélienne répond par des bombardements aériens. Le bilan de ces deux jours est lourd, 35 Palestiniens dont 12 enfants ont été tués, tandis que les roquettes tirées par le Hamas et le Jihad islamique ont fait 5 morts et plusieurs blessés côté israélien.

L’opération militaire israélienne est désormais baptisée « Le gardien des murailles », écrit notre correspondant régionalSami Boukhelifa. Cette nuit, l’État hébreu a massivement engagé ses forces dans la bataille. Avions de chasse et hélicoptères de combat ont mené des raids meurtriers à Gaza, où vivent deux millions de personnes sous blocus israélien, et sans aucun moyen de protection. Les frappes aériennes se sont poursuivies jusqu’à l’aube. 

Le territoire israélien a également été ciblé par des centaines de roquettes. Le Hamas au pouvoir dans la bande de Gaza et le Jihad Islamique, deuxième groupe armé de l’enclave palestinienne sont tous deux engagés dans la bataille. Des salves de tirs ont visé plusieurs villes israéliennes et notamment Tel Aviv. Le ciel de la ville a été constellé par les explosions, lorsque le « Dôme de Fer », le dispositif anti-missiles de l’armée israélienne, est entré en action pour détruire les roquettes tirées depuis la bande de Gaza.

Outre les frappes, les manifestations se multiplient à Jérusalem-Est, en Cisjordanie occupée mais aussi dans des villes arabes israéliennes : Lod, Acre, des localités arabes près de Haïfa, des villes en Galilée. Une mobilisation inédite des arabes israéliens en signe de soutien à leurs « frères palestiniens ».

Lassitude

Depuis 48h, les sirènes retentissent nuit et jour, dans les villes israéliennes proches de la bande de Gaza, et même à Tel Aviv. Le Hamas, mouvement islamiste au pouvoir dans l’enclave palestinienne a tiré de multiples roquettes contre le territoire israélien, faisant plusieurs morts. À Sdérot, ville israélienne située à 2 km à peine de la frontière de Gaza, les habitants sont lassés par les conflits à répétition. 

Les images des immeubles éventrés par les roquettes, tournent en boucle dans ce café de Sdérot. Et pourtant un groupe de retraités attablés n’y prêtent même plus attention. Avner confie sa lassitude : « Nous voulons que ça cesse, cela fait plus de vingt ans que ne vivons cette situation de conflit. Moi-même je suis un blessé de guerre. Maintenant, il faut qu’on fasse la paix. Que l’on soit musulmans, arabe ou juifs, il faut faire la paix. » 

« Je suis en colère » 

Après une nuit passée dans l’un des nombreux abris de la ville, Nir, est sorti promener son chien. Les rues de Sdérot sont désertes. Le jeune israélien exprime son ras-le-bol : « Je suis en colère pour plusieurs raisons. J’en veux à mon gouvernement, j’en veux au Hamas. Tout cela est le résultat d’une mauvaise gouvernance. On devrait pouvoir garder nos ennemis sous contrôle. On n’a pris que des mauvaises décisions ». Mardi soir, le Premier ministre Benyamin Netanyahou, a promis d’intensifier les frappes contre le Hamas, mouvement islamiste au pouvoir dans la bande de Gaza. 

Ziad Medoukh est un habitant de Gaza, le responsable du département de français de l’université Al-Aqsa. Selon lui, la communauté internationale doit prendre des mesures plus fermes pour éviter un nouveau scénario comme en 2014 : « C’est une nouvelle escalade voulue par l’occupation, c’est une nouvelle provocation après ce qui s’est passé à Jérusalem ces derniers jours. Et malheureusement, on assiste à la poursuite de cette nouvelle escalade, de cette nouvelle agression israélienne contre les civils de Gaza et donc la situation est très tendue, très critique, très difficile pour les Palestiniens de Gaza. »

La communauté internationale « ne bouge pas assez »

« On peut dire, poursuit-il, qu’il y a un double sentiment. Un sentiment d’inquiétude, et un sentiment de confiance que la vie continue. Et ils gardent espoir qu’il y aura un changement et le changement viendra toujours de l’extérieur, de la prise de conscience de la communauté internationale qui ne bouge pas assez, qui tient un silence total avec les crimes israéliens. Je pense qu’actuellement, vu le nombre de morts, le nombre d’enfants assassinés par l’armée israélienne, la communauté internationale doit assumer sa responsabilité et doit mettre la pression pour arrêter cette nouvelle agression ».

Hier, à Gaza, rapporte notre autre correspondante régionaleAlice Froussard, un immeuble de dix étages a été bombardé, un bureau du Hamas se trouvant à l’intérieur. Mais une cinquantaine de familles, averties quinze minutes avant les frappes, se retrouvent sans logement. Nizar habite à Gaza City : « Il y a des bombes un peu partout, et on les entend toutes. Et à Gaza, se sentir en sécurité n’est pas possible, nous n’avons pas d’abris, on reste seulement chez nous. »

« On essaie de préparer aussi mentalement nos enfants » 

Le plus compliqué est de tenir mentalement, dit-il : « On essaie de préparer aussi mentalement nos enfants. Je dis tout le temps à ma fille de trois ans qu’il y a pleins de feux d’artices dehors, que c’est une célébration, juste pour qu’elle se sente mieux car elle sent que nous ne sommes pas en sécurité. Je crois qu’elle peut le sentir des personnes qui sont autour d’elle. Israël ne s’inquiète même pas des dommages collatéraux : s’ils veulent cibler quelqu’un, ils ne soucient pas de savoir s’il y a des enfants à côté. »

Plusieurs enfants ont été tués déjà. Omar Shaban, fondateur et directeur de PalThink pour les études stratégiques à Gaza, redoute aussi un scénario analogue à 2014 : « Ca avait commencé légèrement mais que s’intensifiait de plus en plus. Personne ne s’attendait à ce que la guerre de 2014 ne dure 51 jours. Là ça fait bien plus de 24 heures, donc on le craint, car les frappes israélienne s’intensifient presque toutes les heures. » 

RFI