“Musique interdite pour tous et chaperon pour voyager pour les femmes”, déclare le porte-parole des talibans
Dans sa première interview avec un média occidental depuis que les talibans ont pris le contrôle total de l’Afghanistan, l’un des dirigeants du groupe a dressé mercredi le portrait d’un groupe déterminé à reconstruire un pays brisé par des décennies de guerre.
“Nous voulons construire l’avenir et tirer un trait sur le passé”, a déclaré le porte-parole, Zabihullah Mujahid, dans une interview accordée au New York Times. Il a rejeté les craintes largement répandues selon lesquelles les Talibans se vengeraient déjà de ceux qui s’opposent à eux et voudraient réimposer les contrôles sévères sur les femmes comme lorsqu’ils dirigeaient le pays il y a 20 ans.
L’interview a eu lieu juste un jour après que M. Mujahid ait averti les femmes afghanes qu’il serait peut-être plus sûr pour elles de rester chez elles jusqu’à ce que davantage de combattants talibans aient été formés à ne pas les maltraiter.
Quelles perspectives?
Les craintes que les talibans obligent à nouveau les femmes à rester chez elles ou à se couvrir le visage sont sans fondement, a-t-il déclaré. Il a ajouté que l’exigence selon laquelle elles doivent être accompagnées d’un tuteur masculin, appelé mahram, a été mal comprise. Elle ne s’applique qu’aux voyages de trois jours ou plus, a-t-il précisé.
“Si elles vont à l’école, au bureau, à l’université ou à l’hôpital, elles n’ont pas besoin de mahram”, a déclaré M. Mujahid.
Il a également offert des assurances aux Afghans qui tentent de quitter le pays, affirmant que ceux qui possèdent des documents de voyage valides ne seront pas empêchés d’entrer dans l’aéroport. “Ils ont besoin de passeports et de visas pour les pays où ils se rendent, et ensuite ils peuvent partir en avion. Si leurs documents sont valides.”
Il a également exprimé sa frustration face aux efforts d’évacuation de l’Occident. “Ils ne devraient pas s’immiscer dans notre pays et prendre nos ressources humaines: médecins, professeurs et autres personnes dont nous avons besoin ici”.
Bien qu’il ait cherché à donner une image beaucoup plus tolérante des talibans, M. Mujahid a confirmé un rapport: la musique ne sera pas autorisée en public. “La musique est interdite dans l’islam, a-t-il dit, mais nous espérons pouvoir persuader les gens de ne pas en écouter, au lieu de les forcer.”
Potentiel futur ministre
M. Mujahid est considéré comme susceptible d’être le futur ministre de l’information et de la culture. Parlant couramment le pachto et le dari, les principales langues du pays, M. Mujahid, 43 ans, s’est décrit comme étant originaire de la province de Paktia et diplômé en jurisprudence islamique de la célèbre madrasa Darul Uloom Haqqania au Pakistan.
Malgré la situation tendue à l’aéroport mercredi, où des milliers de personnes se pressaient encore autour de la plupart des portes d’entrée, M. Mujahid a exprimé l’espoir que les talibans établissent de bonnes relations avec la communauté internationale, soulignant les domaines de coopération autour du contre-terrorisme, de l’éradication de l’opium et de la réduction du nombre de réfugiés vers l’Occident.
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