Haïti demande aux États-Unis l’envoi de troupes pour protéger certains sites stratégiques

Haïti demande aux États-Unis l’envoi de troupes pour protéger certains sites stratégiques

Trois jours après que le président haïtien Jovenel Moïse a été criblé de balles chez lui, les autorités du pays ont indiqué ce vendredi 9 juillet avoir demandé aux États-Unis et à l’ONU l’envoi de troupes afin de sécuriser des sites stratégiques de peur qu’ils ne soient sabotés. Le mystère reste entier sur l’assassinat du président.

Craignant que des infrastructures vitales comme les ports, les aéroports, les terminaux pétroliers ou le transport des produits pétroliers ne soient visées pour créer la confusion, le gouvernement haïtien a demandé à Washington et aux Nations unies d’envoyer des troupes pour les sécuriser.

« Après l’assassinat du président, nous avons pensé que les mercenaires pourraient détruire quelques infrastructures afin de créer le chaos dans le pays. Au cours d’une conversation avec le secrétaire d’État américain et l’ONU, nous avions fait cette requête », a affirmé Mathias Pierre, ministre chargé des questions électorales.

Aide sécuritaire et dans l’enquête

Le département d’État américain a confirmé, par la voix d’un porte-parole, que le gouvernement haïtien avait « demandé une aide sécuritaire et en matière d’enquête ». « Nous restons en contact régulier avec les responsables haïtiens pour discuter de la manière dont les États-Unis peuvent aider », selon le département d’État.

Une source diplomatique à l’ONU avait plus tôt indiqué que les autorités haïtiennes avaient bien fait cette demande en vue de protéger l’aéroport et les installations pétrolières, mais qu’une résolution du Conseil de sécurité était nécessaire à cet effet.

Dix-sept individus ont été arrêtés – quinze Colombiens et deux Américains, pour leur implication dans le meurtre du président Moïse, criblés de balles à son domicile dans la nuit de mardi à mercredi, selon la police haïtienne.

Sans confirmer l’arrestation de ressortissants américains, les États-Unis ont dit qu’ils allaient envoyer des responsables du FBI et de la Sécurité intérieure à Port-au-Prince « aussi vite que possible ».

Des ex-militaires colombiens surentraînés

Trois Colombiens aussi accusés d’être des membres du commando ont été tués par la police, tandis que huit autres étaient toujours en fuite, a par ailleurs précisé Léon Charles, directeur général de la police haïtienne, bien que les bilans différaient légèrement selon d’autres sources officielles.

Les armes et le matériel utilisés supposément par les assaillants, notamment des machettes, des portables ou encore des passeports colombiens, ont été récupérés par les forces de l’ordre, puis exhibés devant la presse tout comme plusieurs suspects alignés contre un mur et menottés.

Parmi les Colombiens présents, l’un d’entre eux a notamment été identifié comme un ex-membre d’unités d’élite de lutte contre le terrorisme. Jairo Libreros, expert en sécurité et défense de l’Université Externado de Colombie, explique à RFI qu’« il était entraîné à mener des assauts dans le cadre d’opérations de défense lorsque la sécurité nationale était menacée. Cet officier a clairement reçu la meilleure préparation d’opérations commando. » Pour ce chercheur, la Colombie ne suit pas assez ses anciens militaires :

C’est une armée qui a reçu des entraînements spécialisés de la part d’unités d’élites du monde entier. Quand vous avez des gens, qui ont en moyenne 50 ans, et qu’il n’y a pas de système de protection ou de soutien spécifique de la part de l’État pour éviter qu’ils ne tombent dans des mains corrompues qui finissent par acheter leur conscience, ces personnes finissent au service du plus offrant.

Calme précaire à Port-au-Prince

Paralysées pendant plusieurs jours, Port-au-Prince et les zones avoisinantes se sont réveillées vendredi dans un calme apparent et précaire, a constaté l’AFP sur place. Les transports en commun, les banques, les pompes à essence, les commerces de rue et l’administration publique recommençaient à fonctionner, les gens se bousculant dans les supermarchés pour s’approvisionner en produits de première nécessité.

« Je ne sais pas ce qui va se passer demain ou après-demain au pays, alors je me prépare pour des jours mauvais. J’achète en priorité tout ce qui peut être conservé pendant plusieurs jours », explique Marjory, qui faisait ses courses dans un supermarché à Port-au-Prince.

De hauts responsables de la police, chargés directement de la sécurité du président haïtien, sont notamment sur la sellette et convoqués devant la justice, a annoncé jeudi le chef du parquet de Port-au-Prince, Me Bed-Ford Claude. D’autres s’interrogeaient même sur la possible implication de ces policiers, ajoutant à la confusion.

RFI