Déclaration de Adji Sarr: regard croisé d’un spécialiste de Tic et d’un journaliste politique
L’entretien avec Adji Sarr, la présumée victime de « viol et menaces de mort » de la part de l’opposant et député Ousmane Sonko suscite des interrogations. Bon nombre d’internautes se sont offusqués de son déroulement, criant le direct annoncé par un site de la place « d’une programmation volontaire concernant un enregistrement ». Chose que ce Consultant, Blogueur et Formateur en nouveaux médias qui a préféré taire son nom, confirme. Selon lui, le « faux raccord était trop flagrant ». Soulignant par cette même occasion la « malhonnêteté » du média diffuseur de l’entretien. Et quant au journaliste Politique Mame Ngor Ngom qui s’attarde sur la forme de l’entretien, parle d’un genre journalistique mal compris sur une « bonne cliente médiatique ».
« Effectivement les internautes avaient l’impression que tout ce que la dame (Adji Sarr) disait était une dictée préparée», reconnaît, à première vue le consultant, Blogueur et Formateur de nouveaux. Poursuivant dans son argumentaire, il donne l’exemple de « certaines autorités qui lors d’un discours, on leur fait un media training, on les prépare sur ce qu’elles doivent dire et comment le faire ». Chose qui n’est carrément pas le cas de Adja Sarr. En effet, fait savoir le spécialiste que « dans ce cas de figure, dès l’instant que tu es devant les caméras, tu dois s’attendre à qu’on te pose n’importe qu’elle question, y répondre ou de se taire. C’est le choix de l’interviewé ». Mais ce qu’on a constaté est qu’avant de répondre, regrette-t-il est que « Adji Sarr cherche son avocat d’à côté pour avoir son aval sur quoi elle doit parler. Comme si on était dans une audience ou un interrogatoire, alors que tel n’est pas le cas. »
Adji Sarr raconte un vécu, elle n’avait pas besoin d’être téléguidé…le faux raccord était trop flagrant
Le Consultant, Formateur des nouveaux médias de soulever une partie de l’interview qu’il trouve incohérent. De son avis « le viol qui est censé être quelque chose de traumatisant et grave, celle ou celui qui l’a vécu ne peut pas l’oublier au point d’user une feuille ou d’un enregistrement sonore pour en parler. Ce que j’ai constaté et bon nombre d’internautes est qu’on a enregistré l’interview, s’en est suivi un montage. Et à partir du montage on a supprimé des éléments. Et le faux raccord était flagrant, suis spécialiste, et je sais de quoi je parle. On voyait carrément des parties qui sautent au moment de la diffusion ».
« Un manque d’honnêteté. On peut décroche un entretien et qu’on te donne l’exclusivité et tout, mais au moment où tu es en face de ton interlocuteur il faut vraiment faire son travail dans les règles de l’art sans chercher à plaire. Ils ne peuvent pas annoncer à tous les gens un direct, alors qu’en réalité c’était achèvement faux», se désole le spécialiste des nouveaux médias. Puisque d’autres médias étaient dans cet entretien il appelle les autres à diffuser l’intégralité de l’’entretien sans coupures, pour retrouver éthique. Et là les gens vont se faire leur propre idée.
La radioscopie de la forme de l’entretien
Et pour le journaliste politique, Mame Ngor Ngom, si l’on s’en tient strictement à la forme, on constate que « l’entretien exclusif » avec Adji Sarr, comme annoncé par le site leral.net est un véritable cas d’école. Il sort de l’ordinaire.
Rappelant les caractéristiques d’un genre journalistique, Mame Ngor Ngom indique « en radio ou en télévision, le mode question-réponse caractérise l’interview. Ce qu’on a vu ce mercredi ressemblait plutôt à une déclaration, un témoignage qui n’a pas été du tout bien monté. Les intervieweurs n’étaient pas visibles. Leurs questions à peine audibles. Les relances quasi inexistantes. Comme s’il y avait une volonté de ménager une femme manifestement traumatisée et dépassée par les événements. »
Mais dans la mesure où elle se prête à cet exercice que le journaliste qualifie « difficile », il se demande dans ce même sillage « pourquoi les intervieweurs n’ont pas agi en journalistes devant une interviewée ? ». Ces remarques portent dès lors, sur « une interférence d’une personne qui, normalement, devait adopter une attitude passive durant « l’entretien ». En amont, toutes les sorties médiatiques peuvent être bien préparées avec des proches ou des collaborateurs. Toutefois, comme à l’arène, entre deux lutteurs, au cours de l’entretien seul le concerné doit faire face au journaliste ou aux journalistes. »
Adji Sarr, une bonne cliente médiatique, mal servi
Cette situation qui a mis Adji Sarr devant la scène, fait de la dame une « bonne cliente médiatique », comme on le dit dans le jargon journalistique, le journaliste politique dit ne pas comprendre « pourquoi, l’interview ne s’est pas faite à « visage découvert. Elle ne se cache pas. Les journalistes aussi ne devraient pas se cacher. En le faisant, ils ouvrent la voie à toutes les interprétations. On peut interviewer quelqu’un qui se cache pour des raisons bien déterminées mais le journaliste à l’obligation de s’assumer. Son rôle étant de participer à trouver des réponses à beaucoup d’interrogations. Hélas, après avoir suivi la « sortie », d’Adji Sarr, il y a tellement de questions qui restent sans réponses. Elles n’ont même pas été posées.»
Pour conclure, le journaliste estime que cela, « est en faveur de l’interviewée et de ceux qui ont voulu qu’elle parle. A y regarder de près, il aurait été plus bénéfique pour Adji Sarr, pour ceux qui l’encadrent et pour les journalistes, d’enregistrer « sereinement » une déclaration-témoignage dépouillée de tous les « déchets » notés. Et la faire parvenir à tous les médias classiques et aux médias sociaux pour « exploitation ». Ce qui est fort possible. »
Pressafrik