Covid-19: les Brésiliens privés de carnaval de Rio pour la première fois
Les Brésiliens vivent leur première année sans carnaval. À Rio, malgré deux tentatives de l’interdire, les festivités n’ont jamais pu être empêchées. Mais, cette année, avec la pandémie de coronavirus, les écoles de samba ne défileront pas.
À deux pas du « sambodrome » [la fameuse avenue entourée de gradins où se déroule le défilé des meilleures écoles de samba, NDLR], le hangar de l’école de samba Império da Tijuca est bien silencieux pour un mardi de carnaval, rapporte notre correspondante à Rio de Janeiro,Sarah Cozzolino. Au milieu des chars de l’an denier, Jordã Pereira, est nostalgique. « Quand on arrive et qu’on regarde jusqu’au fond du hangar, on sent une tristesse, témoigne-t-il. Parce que c’est une partie de notre culture, qu’on y travaille normalement pendant toute l’année. »
En charge de la direction rythmique, à cette époque habituellement, Jordã serait sollicité de tous les côtés par ses 240 percussionnistes. Mais l’annulation du carnaval allait de soi pour Antônio Teles, président de l’école. « Je pense que maintenir le carnaval aurait été un manque de respect aux victimes de cet ouragan qui est passé dans le monde entier. Ce ne serait pas juste de faire de la samba, de sauter dans tous les sens en s’amusant avec autant de morts », estime-t-il.
Près de 70 000 personnes vivent du carnaval
Couturières, menuisiers, sculpteurs… Près de 70 000 personnes vivent du carnaval. La plupart viennent de quartiers populaires et ont dû faire une croix sur ces revenus cette année. Guilherme Estevão, directeur artistique de l’école était sans emploi de mars à septembre. « Ici, pour l’Imperio, ça a été très difficile, explique-t-il. On a essayé d’imaginer quelques solutions pour atténuer les effets, mais on n’a pas pu garder toute l’équipe, continuer de payer les salaires, parce que l’école n’avait aucune recette. »
Les écoles de samba ont distribué des paniers alimentaires aux familles dans le besoin. Mais la fin de l’aide d’urgence apportée par l’État est un nouveau coup dur.
Campagne vaccinale à l’arrêt
Après un démarrage poussif, la campagne vaccinale a été interrompue la semaine dernière dans diverses villes du Brésil en raison du manque de doses.
Touché par une deuxième vague très virulente, le Brésil, deuxième pays le plus endeuillé au monde avec plus de 239 000 décès, n’a autorisé à ce jour que deux vaccins, le CoronaVac et celui du groupe anglo-suédois AstraZeneca. Plus de 5 millions des 212 millions de Brésiliens ont déjà reçu au moins une dose.
RFI