“Ce n’est pas avant l’inauguration de Joe Biden qu’il faut s’inquiéter d’une possible guerre civile, c’est après”
Les experts américains craignent que l’assaut du Capitole soit le point de départ d’attaques extrémistes diverses aux États-Unis. “Les complots de demain sont littéralement en train d’éclore en ce moment même”, déclare Oren Segal, vice-président du Anti-Defamation League’s Center on Extremism, à CNN. Les gens se disant lésés par les personnes au pouvoir sont de plus en plus nombreux. Et les extrémistes de plus en plus violents. En le réduisant au silence, Twitter est en partie responsable de la radicalisation de fervents supporters de Trump.
Certains, qui communiquaient via Facebook, Twitter ou même Parler, sont maintenant sur d’autres plateformes comme Telegram, où des chaînes extrémistes et suprémacistes blanches existent et diffusent depuis des années des propos haineux qui n’étaient pas modérés jusqu’à il y a quelques jours.
Sur Telegram, l’éloge des tueurs de masse n’est pas rare. On y trouve aussi des instructions tactiques et des contenus inquiétants de radicalisation. Mercredi, le porte-parole de Telegram, a expliqué que les modérateurs du réseau examinaient “un nombre croissant de rapports relatifs à des posts publics appelant à la violence”.
Pour Oren Segal, l’attaque du Capitole le 6 janvier dernier a eu un impact important sur bien plus de gens qu’on ne le pense. Dans les chats publics et privés, de nombreux messages appellent à “reprendre l’Amérique” ou à “se rassembler contre la censure”.
Le fait que les extrémistes changent de plateforme pour communiquer entre eux les rend plus difficile à surveiller. “Ça signifie qu’il est plus difficile de prévenir les dommages.”
Michael Edison Hayden, journaliste d’investigation et porte-parole du Southern Poverty Law Center, pense que la probabilité de violence à Washington n’est pas aussi élevée qu’elle ne l’était le 6 janvier. Cependant, le FBI dit avoir reçu des indications de “manifestations armées” dans les 50 capitales de chaque État dans les jours précédant l’inauguration.
Pour Segal, les extrémistes sont prudents. Ils savent qu’ils sont surveillés. “Ce n’est pas avant l’inauguration qu’il faut s’inquiéter d’une possible guerre civile, c’est après”.
L’inauguration du président élu Joe Biden et de la vice-présidente élue Kamala Harris va être particulière. “Trump a emballé le récit pour les quatre prochaines années”, explique Segal. Il craint “un faux sentiment de sécurité” si l’inauguration se passe sans violence. Que se passera-t-il quand les troupes de la Garde nationale partiront? Lorsque les réseaux sociaux, le grand public et les médias se tourneront vers d’autres questions? “Ca laissera une nouvelle opportunité d’élargir les rangs. Il va y avoir beaucoup de nouvelles personnes organisées et exposées à un ensemble de choses et ça nous ramènera finalement au même endroit: avant l’attaque du Capitole. Sauf que cette fois, ils seront plus nombreux.”
Par 7sur7