Assaut du Capitole : les procureurs démocrates exposent les charges contre Donald Trump
Après le vote d’une majorité de sénateurs américains en faveur du procès en destitution contre Donald Trump, les élus démocrates exposent, mercredi, les charges qui pèsent sur l’ancien président républicain, accusé d' »incitation à l’insurrection » lors de l’assaut du Capitole, le 6 janvier.
Les procureurs démocrates exposeront dans le détail, mercredi 10 février, les charges contre Donald Trump, accusé d' »incitation à l’insurrection », après avoir tenté de marquer les esprits au premier jour de son procès au Sénat avec la diffusion d’une vidéo choc de l’assaut meurtrier du Capitole.
Ce procès, une « instrumentalisation politique », va « déchirer » les États-Unis, a mis en garde un avocat du 45e président des États-Unis, David Schoen.
Car « de nombreux Américains le voient pour ce qu’il est : une tentative par un groupe de politiciens d’écarter Donald Trump de la vie politique ».
S’il était reconnu coupable, les démocrates organiseraient en effet dans la foulée un autre vote pour le condamner à l’inéligibilité.
Fort du soutien encore solide de nombreux républicains, le milliardaire a toutefois de très grandes chances d’être acquitté, peut-être dès le début de la semaine prochaine.
Désormais loin de la Maison Blanche, restant inhabituellement discret depuis sa luxueuse résidence en Floride, il ne viendra pas témoigner.
Le Sénat entrera dans le vif du sujet mercredi à midi (17h GMT), avec l’exposé des faits, chaque partie disposant d’un maximum de seize heures. Cette séquence pourrait durer jusqu’à quatre jours.
D’emblée mardi, les procureurs démocrates sont apparus décidés à remettre en mémoire des 100 sénateurs, mais aussi des Américains, la violence de cette journée du 6 janvier qui s’est soldée par des morts.
« Un délit constitutionnel effroyable », dénonce Jamie Raskin
Donald Trump s’est rendu coupable « d’un délit constitutionnel effroyable », a lancé, mardi, le chef des « procureurs » démocrates, Jamie Raskin, dans le même hémicycle du Sénat où s’étaient précipités les manifestants pro-Trump, le jour de la certification de la victoire de Joe Biden.
Dans un grand silence, cet élu de la Chambre des représentants a diffusé une longue vidéo qui est revenue sur le 6 janvier, montrant Donald Trump appeler ses milliers de partisans à manifester vers le Capitole, siège du Congrès.
Dans cette vidéo, figurait aussi l’ouverture des séances parlementaires pour certifier la victoire de Joe Biden et les images des manifestants entrant de force au Capitole, arpentant les couloirs à la recherche de parlementaires. De leur côté, les élus et le vice-président Mike Pence, étaient évacués du Sénat, ou se terraient dans les galeries de la Chambre des représentants.
Deux heures plus tard, Donald Trump avait tweeté une vidéo martelant encore, sans preuve, que l’élection était une « fraude ». S’il appelait les manifestants à rentrer chez eux, il ajoutait: « Nous vous aimons ».
Si ces faits, « concrets et solides », ne sont « pas passibles d’une procédure de destitution, alors rien ne l’est », a conclu Jamie Raskin.
Situation inédite, les sénateurs qui font office de jurés furent aussi les victimes de l’attaque.
Gardes nationaux dans les vénérables couloirs, hautes barrières protégeant le Capitole : les mesures inédites de sécurité rappellent encore ces violences.
La tenue du procès jugée conforme à la Constitution
Mardi, les débats ont été centrés sur une question constitutionnelle : peut-on ou non juger en destitution un ex-président ? Une première historique.
Selon les avocats de Donald Trump, cela est « absurde et anticonstitutionnel » car, redevenu « simple citoyen », il ne peut tout simplement pas être démis de ses fonctions.
Un argument repris par de nombreux sénateurs républicains. Pour s’éviter, accusent les démocrates, de se prononcer sur la conduite même du magnat de l’immobilier.
« Les présidents ne peuvent pas alimenter une insurrection dans leurs dernières semaines (de mandat) puis partir comme si de rien n’était », a répliqué un autre procureur et élu démocrate, Joe Neguse.
Cette question a finalement été tranchée par un vote à la majorité simple : en plus des 50 démocrates, six sénateurs républicains ont estimé que le procès pouvait se poursuivre.
La Constitution impose en revanche une majorité des deux tiers pour un verdict de culpabilité.
Or, même si certains républicains ont critiqué le rôle de Donald Trump dans les violences, ce seuil semble très difficile à atteindre.
Affirmer que Donald Trump pourrait être responsable des violences d’un « petit groupe de criminels » qui l’ont « absolument mal compris » est « tout simplement absurde », avaient insisté ses avocats. En soulignant qu’il les avait « exhortés à rester pacifiques ».
Par France 24 avec AFP