Comment 3 filles du centre Ginddi ont été entraînées dans une mafia du sexe
Cuisinier au chômage, S. Adamo s’est refait une santé financière dans les habits d’un proxénète aux commandes d’un business du sexe, fructifié sur la toile par des rencontres torrides entre clients nantis et prostituées de luxe. Pour satisfaire sa large clientèle en quête de «chair», il jette son dévolu sur trois jeunes filles du centre Guindi qu’il entraîne dans son «business».
L’atmosphère bon enfant qui prévaut au centre d’accueil, d’information et d’orientation pour enfant en situation difficile, est depuis quelques jours polluée par une sidérante affaire de mœurs qui implique trois de ses pensionnaires, naïvement entraînées dans un réseau de prostitution clandestine, par un ingénieux proxénète. S. Adamo a fructifié son business en s’attachant les services de proxénètes (hommes et femmes), pour mettre en place un fichier sélectif de nymphes, enrôlées suivant des critères de beauté, de sensualité…, à même de donner le tournis aux vicieux. Une liste qu’Adamo va élargir en jetant son dévolu sur trois jeunes filles du centre Ginddi. Dans son business, toutes les tractations ponctuées par un rendez-vous dans un appartement meublé à la Cité Mixta, s’effectuent sur la toile. C’est cette organisation huilée qui a été démantelée par la brigade des mœurs de la Sûreté urbaine de Dakar.
L’abnégation des responsables du centre pour élucider cette affaire
Pour infiltrer cette mafia du sexe, la semaine dernière, la Directrice de la formation du centre Ginddi, F. W, découvre que des proxénètes se jouaient de la naïve vulnérabilité de certaines pensionnaires dudit centre. Elle identifie trois jeunes filles (dont nous taisons délibérément les noms), qui ont été entraînées dans cette mafia. Estomaquée, elle fait diligenter une enquête interne qui montrera que les filles ont été enrôlées à partir d’une publication faite sur Facebook, par une proxénète. Du moins, c’est ce qu’elle croyait, puisque sur cette page, l’auteur qui passe pour une dame, se présente sous le pseudo Maïmouna Fall. A l’entête de cette page, on voit la photo d’une femme aux allures de bombe latine. L’enquête permettra de démasquer Maïmouna qui se trouve être un proxénète sénégalais originaire du Mali du nom de S. Adamo. Ce dernier mettait les filles qu’il enrôlait en rapport avec des hommes nantis, moyennant 40 000 FCfa. Ces infos recueillies, les responsables du centre saisissent la brigade des mœurs.
Le subtil mode opératoire d’Adamo pour surveiller ses arrières
L’enquête ouverte par cette entité de la Sûreté urbaine de Dakar a permis de lever plusieurs autres équivoques. Tout d’abord que le cerveau de cette mafia, Adamo, s’était entouré de proxénètes, dont son bras droit, G. Sall. Adamo avait installé dans ses deux téléphones portables, une application qui convertit une voix masculine en une voix féminine. Ensuite, depuis sa page Facebook, il lie connaissance avec ses acolytes, dont G. Sall, qu’il va employer comme proxénètes. Maître dans l’art de surveiller ses arrières, il s’arrangeait pour ne jamais les rencontrer physiquement et les joignait via des messages écrits WhatsApp, à défaut de les appeler au téléphone, en activant la fameuse application. Ses complices croiront traiter avec la petite M. Fall. De même, ses clients accrochés par la photo postée sur sa page Facebook, n’y verront que du feu. Seulement, lorsqu’un client se signale, Maïmouna/Adamo organisait son indisponibilité et proposait une de ses filles allumeuses.
Il se charge d’organiser un rendez-vous pour une prise de contact avec la fille choisie par le client. Auparavant, Maïmouna prévenait celle-ci au téléphone (en activant toujours ladite application). Du coup, même les filles ignoraient que Maïmouna est en réalité Adamo. Une fois au point du rendez-vous, Adamo se présente sous un autre nom, allègue être mandaté par Maïmouna, marchande la passe et s’assure que la suite se passe dans un luxueux appartement meublé à la Cité Mixta… Après chaque passe, il défalque sa commission et bénéficie même de «pourboire» de la part des clients satisfaits des prestations des filles.
Les enquêteurs de la brigade des mœurs apprendront aussi que S. Adamo n’hésitait pas à satisfaire gratuitement sa libido sur les filles. Il n’est pas le seul, note-t-on. Ses acolytes, G. Sall et Cie, s’envoyaient en l’air avec les filles. Son business prospérant, Adamo se voit dans l’obligation d’étoffer son catalogue de filles de joie. Ils ciblent trois pensionnaires du centre Ginddi, enrôlées à travers les réseaux sociaux. Elles seront jetées dans les bras de vicieux hommes. L’une d’elle va même taper dans l’œil de G. Sall qui l’a entraînée à la cité Mixta pour une passe. La fille qui avait fini par se rétracter, sera libérée par G. Sall qui lui offre 5 000 FCfa.
Le piège qui a perdu le proxénète Adamo et Cie
Pour mettre le grappin sur S. Adamo et Cie, les hommes du commissaire Mendy ont mis à profit, mercredi dernier, la collaboration du centre Ginddi, surtout des trois pensionnaires. «Elles l’ont contacté, alléguant avoir dégoté de nouveaux clients prêts à casquer fort. Adamo valide et fixe un rendez-vous dans la soirée, à Ouest Foire. Ignorant que les clients en question sont des policiers de la brigade des mœurs, Adamo se présente, tout comme les filles. Alors qu’il marchandait le prix des passes, les clients, des policiers en civil, le cernent subtilement et composent ses deux numéros de téléphone (celui avec lequel il passe pour Maïmouna et celui au nom d’Adamo). Les deux téléphones qui sonnent en même temps sont aussitôt saisis par les policiers qui conduisent le proxénète dans leurs locaux. L’exploitation des téléphones a permis de mettre à nu la supercherie. La fameuse application, ses différentes conversations sur WhatsApp avec les filles et ses clients sont parcourues. Dans le même ordre, les limiers remontent la filière et arrêtent G. Sall, chauffeur de camion domicilié à Pikine et trois des prostituées de luxe : M. Sy (la plus convoitée), M. Cissé et Kh. Mbaye. Placés en garde à vue, S. Adamo, cuisinier domicilié à Dieuppeul et Cie ont été déférés hier au parquet de Dakar.
Abdoulaye DIEDHIOU – iGFM