🇸🇳 Assemblée nationale : vers la mise en accusation de l’ex-ministre Aïssatou Sophie Gladima pour détournement présumé de fonds publics

Ce jeudi 8 mai 2025, les députés sénégalais examinent un projet de résolution visant à traduire devant la Haute Cour de Justice l’ancienne ministre des Mines et de la Géologie, Aïssatou Sophie Gladima. Elle est accusée de graves irrégularités dans la gestion de fonds publics, portant sur un montant provisoire estimé à 193 millions FCFA.
La Commission des Lois de l’Assemblée nationale, réunie en séance le 2 mai dernier, a validé le projet de résolution transmis par le Garde des Sceaux. Ce dernier demande l’ouverture de poursuites contre Mme Gladima pour détournement présumé de deniers publics, blanchiment de capitaux, escroquerie sur les fonds publics et complicité de ces infractions.
L’affaire remonte à la gestion des fonds alloués dans le cadre de la Force COVID-19. Un montant d’un milliard FCFA avait été mis à la disposition du ministère des Mines pour la création d’une unité de traitement gravimétrique à Kédougou, censée bénéficier aux orpailleurs impactés par la pandémie.
Selon les conclusions de l’enquête et du rapport de la Cour des Comptes, Mme Gladima aurait autorisé, par une simple déclaration sur l’honneur et une facture, le paiement anticipé de 73,2 millions FCFA à la société SCGI (Société Commerciale du Groupe ISSA), sans qu’aucun travail n’ait été réalisé à cette date. Une décision en violation flagrante du Règlement général de la comptabilité publique, qui impose un paiement uniquement après service fait.
L’ancien Directeur de l’Administration générale et de l’Équipement, Alassane Diallo, a confirmé avoir procédé au paiement sur instruction de la ministre. L’entrepreneur Ibrahima Issa a reconnu avoir perçu les fonds et s’est dit prêt à rembourser. Il a produit un procès-verbal de constat montrant que du matériel destiné au chantier est entreposé chez lui et au siège de son entreprise à Dakar.
Les faits, s’ils sont avérés, sont passibles de lourdes peines, en vertu des articles 238, 239, 152, 153, 45 et 46 du Code pénal, ainsi que de la loi du 14 février 2024 sur le blanchiment de capitaux.
L’Assemblée nationale pourrait donc décider, ce jeudi, de renvoyer l’ex-ministre devant la Haute Cour de Justice, juridiction compétente pour juger les membres du gouvernement pour des crimes et délits commis dans l’exercice de leurs fonctions.