Covid, Ebola, grippe aviaire : la Côte d’Ivoire a trois épidémies à gérer de front

Covid, Ebola, grippe aviaire : la Côte d’Ivoire a trois épidémies à gérer de front

Les autorités ivoiriennes venaient tout juste de riposter à l’apparition d’un cas d’Ebola le 14 août – le premier depuis 1994. Mais alors qu’un foyer de grippe aviaire a été découvert à Abidjan, en plus des cas de Covid-19, le pays serait-il en proie à “une triple malédiction des virus” ? s’inquiète Wakat Séra.

Ebola en Côte d’Ivoire. Une première depuis 30 ans. Le virus a traversé les frontières, en provenance de la Guinée Conakry, transporté par une jeune femme qui a été aussitôt mise en isolement. Mais ce seul cas, dont l’apparition a été rendue publique le 14 août, s’il n’a pas semé une panique outre mesure, a tout de même interpellé les autorités sanitaires ivoiriennes qui ont immédiatement déclaré la guerre à la maladie. Le plan de riposte du ministère de la Santé doit se dérouler dès le 17 août.

Pour parer au plus pressé, la patiente est déjà prise en charge, en plus de ses compagnons de voyage et des personnes qu’elle a croisées sur son itinéraire. Les forces de l’ordre aux postes frontaliers et le personnel de santé ont commencé à recevoir leur dose de vaccin, dès ce lundi [16 août]. La solidarité africaine, séculaire et agissante, a, d’ailleurs, conduit la Guinée à mettre aussitôt à la disposition de la Côte d’Ivoire sa voisine 5 000 doses de vaccin anti-Ebola. La campagne de vaccination, concentrée sur les cas cibles et les personnes à risque qui ont croisé le chemin de la patiente du Centre hospitalier et universitaire de Treichville, s’étendra au plus grand nombre.

Le pire peut encore être évité

Quelle sera l’efficacité du plan de riposte et de prévention contre ce virus tant redouté, identifié pour la première fois en 1976, dans un village du Congo, non loin duquel coule une rivière portant le nom Ebola ? Il urge pour les autorités ivoiriennes de renforcer les mesures préventives pendant qu’il est encore temps pour éviter une envergure d’épidémie dévastatrice.

Les ravages opérés par le virus dans son Congo natal, ou en Guinée qui a connu la plus grande épidémie en décembre 2013, ou encore au Libéria, en Sierra Leone, au Nigeria, au Mali, et même aux États-Unis, sont la preuve qu’aucun effort ne sera de trop pour tuer le virus avant qu’il ne circule davantage en Côte d’Ivoire et traverse les frontières de cette légendaire terre d’accueil de nombreux ressortissants africains. D’autant plus que de nombreuses populations vivent dans des quartiers précaires où la promiscuité entre les habitants est reine.

Le bilan de 28 000 cas [entre fin 2013 et 2016] pour au moins 11 000 décès officiels et plus de 10 000 survivants avec séquelles est assez éloquent pour mettre sur la braise, les autorités politiques et sanitaires ivoiriennes. Et un malheur n’arrivant jamais seul, comme l’énonce, implacable, l’adage, le virus de la grippe aviaire a refait son apparition en Côte d’Ivoire, où un foyer a été découvert dans le département de Bassam.

Jusqu’à quand l’Afrique résistera-t-elle ?

L’heure est d’autant plus grave que, à l’instar des autres pays du monde, la Côte d’Ivoire fait face au Covid-19, une pandémie qui a mis l’économie mondiale au pas, en plus de provoquer mort et désolation sur son passage. D’ailleurs, après avoir été combattu plus ou moins avec une certaine efficacité, surtout grâce au respect des mesures barrières, le virus à couronne refait surface sous les tropiques, dans une troisième vague dite plus meurtrière que les précédentes.

Certes, contrairement aux déclarations de l’OMS qui prédisait l’hécatombe à l’Afrique, compte tenu du manque criant de médicaments et d’hôpitaux convenablement équipés, le continent a résisté, jusqu’ici, aux assauts du virus.

Mais jusqu’à quand durera cette résistance, surtout face aux variants violents, comme celui dit “Delta”, au manque de vaccins et à la réticence des populations de se faire vacciner, avec le peu que l’Afrique a pu obtenir grâce surtout aux dons de ses partenaires et au mécanisme Covax ? Le défi est donc devenu triple pour la Côte d’Ivoire, d’arrêter la progression du Covid-19 et rendre le terrain difficile pour toute explosion d’épidémie de la maladie à virus Ebola et de la grippe aviaire. Tout ceci commence à faire un peu trop pour un pays déjà confronté au paludisme, la maladie principale cause de consultations et de morts en Afrique.

courrierinternational.com