États-Unis. Dix anciens chefs du Pentagone appellent à une transition… sans recours à l’armée !

États-Unis. Dix anciens chefs du Pentagone appellent à une transition… sans recours à l’armée !

Selon les anciens secrétaires d’État à la Défense, des responsables qui chercheraient à impliquer les forces armées dans le processus de transition entre Trump et Biden subiraient de sérieuses conséquences professionnelles et judiciaires. Donald Trump et ses partisans, eux, continuent à contester l’élection de Joe Biden et à dangereusement mettre de l’huile sur le feu.

On croit rêver. En moins de 24 heures, les États-Unis viennent de vivre deux moments hallucinants. Donald Trump, d’abord, enregistré au téléphone alors qu’il essaye de frauder les résultats de l’élection présidentielle dans l’État de Géorgie. Les dix anciens secrétaires américains à la Défense, ensuite, qui, devant la menace d’un recours à l’armée lors de la transition entre Trump et Biden, se prononcent contre toute implication des forces armées dans la transition politique en cours, dans une tribune publiée ce dimanche 3 janvier par le Washington Post.

Les dix anciens chefs du Pentagone, Ashton Carter, Leon Panetta, William Perry, Dick Cheney, William Cohen, Donald Rumsfeld, Robert Gates, Chuck Hagel, James Mattis et Mark Esper, appellent carrément le Pentagone à s’engager en faveur d’un transfert pacifique du pouvoir.

Leur appel intervient alors que le Congrès doit certifier ce mercredi que le démocrate Joe Biden a remporté l’élection présidentielle de novembre et doit succéder le 20 janvier au républicain Donald Trump.

« Un territoire dangereux, illégal et non constitutionnel »

Des efforts en vue d’impliquer les forces armées américaines dans la résolution de différends électoraux nous conduiraient dans un territoire dangereux, illégal et non constitutionnel, estiment les signataires, dont deux, James Mattis et Mark Esper, ont été nommés au Pentagone par Donald Trump.

Ils déclarent que des responsables qui chercheraient à impliquer les forces armées dans le processus de transition subiraient de sérieuses conséquences professionnelles et judiciaires.

Alors que le Congrès doit procéder le 6 janvier à la certification du résultat de la présidentielle, Donald Trump continue d’affirmer que c’est lui qui a remporté l’élection et que la victoire de Joe Biden, reconnue par les grands électeurs, a été obtenue par la fraude.

Plusieurs dizaines de recours du camp Trump contre les résultats de l’élection ont été rejetés par les tribunaux américains ces derniers mois.

Les anciens secrétaires à la Défense relèvent qu’à l’exception de l’élection en 1860 de l’élection d’Abraham Lincoln, suivie de la sécession des États esclavagistes du Sud et de la guerre civile, les États-Unis détiennent un nombre record de transitions pacifiques.

« Cette année ne devrait pas être une exception« , déclarent-ils.

Trump aurait songé à instaurer la loi martiale

Les signataires ne citent pas précisément la raison qui les a poussés à intervenir publiquement. Mais la classe politique washingtonienne a été dernièrement troublée par des informations de médias américains selon lesquelles la possibilité d’instaurer la loi martiale aurait été évoquée lors d’une réunion à la Maison Blanche. Ces informations ont été démenties par Donald Trump.

Les signataires de l’appel, qui viennent des deux grands partis politiques américains, relèvent que les contestations des résultats de l’élection dans plusieurs États ont été rejetées par les tribunaux et que les votes ont été certifiés par les gouverneurs des États.

Ils appellent le secrétaire à la Défense par intérim, Christopher Miller, et tous les responsables du département de la Défense à faciliter la transition vers l’administration du président élu Biden.

« Ils doivent aussi s’abstenir de toute action politique qui saperait les résultats de l’élection ou compromettrait la réussite de la nouvelle équipe« , ajoutent-ils.

Par Ouest-France