Crise monétaire en Turquie: la livre dégringole, la Bourse d’Istanbul dans la tourmente

Crise monétaire en Turquie: la livre dégringole, la Bourse d’Istanbul dans la tourmente

Ce lundi 22 mars, la monnaie turque a plongé jusqu’à 17% sur les marchés des changes en Asie, avant de se reprendre un peu. La Bourse d’Istanbul a, elle aussi, été prise dans la tourmente : les cotations y ont été suspendues à deux reprises dans la matinée, après une chute de plus de 6% du principal indice. Les marchés ont réagi négativement au limogeage, ce week-end, du directeur de la Banque centrale turque, auquel le président Erdogan reprochait d’avoir trop relevé les taux d’intérêt.

La Turquie semble en proie à une crise de confiance sur la scène internationale, tant sur le plan économique que politique. En novembre dernier, lorsque Recep Tayyip Erdogan avait nommé Naci Agbal, un financier respecté, à la tête de la Banque centrale, les investisseurs internationaux s’étaient pris à espérer un retour à une gestion de l’économie plus stable, prévisible et, pour tout dire, plus rationnelle. Le limogeage de Naci Agbal, en fin de semaine dernière, a donné tort aux optimistes. Les conséquences ont été immédiates : la livre a décroché.

Cette situation illustre non seulement le mode de gouvernance aujourd’hui en Turquie, toutes les institutions étant sous le contrôle du président, y compris la Banque centrale prétendument indépendante. Mais aussi la marge de manœuvre extrêmement limitée dont dispose Recep Tayyip Erdogan, qui consacre toute son énergie à se faire réélire en 2023.

Erdogan souffle le chaud et le froid sur les marchés

Dans le domaine économique, d’un côté, Recep Tayyip Erdogan dévoile un vaste programme de réformes visant à rassurer les marchés. De l’autre, il sape leur confiance en limogeant un directeur de la Banque centrale qui appliquait une politique de hausse des taux pour lutter contre l’inflation.

Sur le plan politique, Recep Tayyip Erdogan tend certes la main à l’Europe et annonce des réformes pour améliorer les droits de l’homme. Mais les arrestations d’opposants se multiplient. Le parti pro-kurde est menacé de fermeture et la Turquie se retire de la convention du Conseil de l’Europe pour lutter contre les violences faites aux femmes, pour ne citer que les développements survenus la semaine dernière.

La Turquie apparaît de plus en plus comme un pays imprévisible, à la fois aux yeux de l’étranger, mais aussi pour les Turcs eux-mêmes.

RFI