🇺🇸 La CIA investit dans une entreprise qui veut ressusciter les mammouths, voici pourquoi

🇺🇸 La CIA investit dans une entreprise qui veut ressusciter les mammouths, voici pourquoi

Aux États-Unis, la CIA, la plus célèbre des agences de renseignement, a indirectement investi dans une société qui veut faire revenir d’entre les morts le mammouth laineux, espèce disparue il y a 4 000 ans. Mais pourquoi ce sujet intéresse-t-il les espions américains ?

C’était un imposant animal, doté d’énormes défenses et d’une épaisse fourrure qui lui permettait de résister au froid. Les derniers mammouths laineux ont disparu voici 4 000 ans, selon l’Université de Cambridge, au Royaume-Uni. Mais aujourd’hui, certains scientifiques tentent de ressusciter cette espèce éteinte : ils veulent recréer des mammouths grâce à la génétique. Et ce projet intéresse indirectement la CIA (Central Intelligence Agency), la plus célèbre des agences de renseignement américaines.

La société qui veut faire revenir le mammouth à la vie

La CIA a, indirectement, investi dans une société qui tente de faire revenir le mammouth laineux (Mammuthus primigenius de son nom scientifique) d’entre les morts. C’est ce qu’indiquent des documents publics repérés par le média américain The Intercept. Ils figurent sur le site web d’une société appelée In-Q-Tel : ce fonds est l’« investisseur stratégique indépendant et sans but lucratif pour la CIA et la communauté du renseignement américaine au sens large », précise le département de la Sécurité intérieur américain. Sa mission : « Investir dans des technologies de pointe pour renforcer la sécurité nationale des États-Unis ».

La société qui veut faire revivre les mammouths laineux figure dans le « portfolio » du fonds In-Q-Tel. (Capture d’écran : iqt.org/)

Or, dans le portfolio du fonds, c’est-à-dire la liste des entreprises dans lesquelles il investit, figure désormais une firme américaine nommée Colossal Biosciences. La société, lancée en 2021, entend « faire revenir des espèces éteintes dans leur habitat d’origine afin qu’elles puissent revitaliser des écosystèmes disparus, pour la santé de la planète » , comme elle se présentait dans un communiqué .

Recréer des spécimens d’espèces disparues grâce à la génétique, c’est ce que l’on appelle la « désextinction », et le procédé ne fait pas l’unanimité parmi les scientifiques.

L’homme d’affaires américain Ben Lamm, cofondateur de l’entreprise, expliquait vouloir, grâce à des travaux de génétique, faire revenir à la vie certaines espèces disparues, mais aussi préserver des espèces en danger critique d’extinction.

Dans cette optique, Colossal Biosciences disait, précisément, vouloir faire revenir le mammouth laineux dans la toundra de l’Arctique. Il s’agissait, en substance, de modifier l’ADN d’éléphants modernes, notamment pour qu’ils développent une fourrure et une couche de graisse leur permettant de résister au froid, expliquait alors le quotidien américain The New York Times.

La présence de ces animaux dans les étendues gelées du Grand Nord permettrait notamment, selon l’entreprise, de « décélérer la fonte du permafrost de l’Arctique » : ce sol perpétuellement gelé dont la fonte est justement, pour des scientifiques, une « bombe à retardement » susceptible d’accélérer le réchauffement climatique.

La question des biotechnologies

Colossal Biosciences a levé des dizaines de millions de dollars de financement (et a bénéficié d’une vaste couverture médiatique) mais des spécialistes interrogés The New York Times ont affiché leur scepticisme, peu convaincus par les possibilités de réussite du projet. Le mammouth laineux n’est pas d’ailleurs la seule espèce disparue qui intéresse les chercheurs de Colossal Biosciences puisqu’ils veulent également faire revenir à la vie le tigre de Tasmanie.

Un squelette de mammouth exposé à Siegsdorf, en Allemagne, en 2008. (Photo : Lou. gruber / Wikimédia Commons / Domaine public)

Mais pourquoi ces projets intéressent-ils la CIA ? Dans un article publié sur son site web, fin septembre, In-Q-Tel évoque la biotechnologie, un domaine « critique pour résoudre des problèmes mondiaux » comme l’accès aux soins ou l’insécurité alimentaire. Le fonds d’investissement évoque, nommément, Colossal Biosciences, et revient sur les raisons qui ont conduit à investir dans cette entreprise.

« En termes stratégiques, il ne s’agit pas tant des mammouths que des capacités » que la société pourrait développer dans le domaine de la biologie de synthèse, lit-on dans ce document. Un secteur qui intéresse donc ce fonds et les institutions investissant dans celui-ci. L’une des branches d’In-Q-Tel, B.Next, s’intéresse justement « aux applications de la biotechnologie pour répondre aux menaces que représentent les épidémies de maladies infectieuses ou les pandémies pour la sécurité nationale » américaine.

Ouest-France