🇺🇦 Guerre en Ukraine: le soutien prudent de la Chine à la Russie

🇺🇦 Guerre en Ukraine: le soutien prudent de la Chine à la Russie

Le 4 février dernier, soit vingt jours avant l’offensive russe en Ukraine, le président Xi Jinping accueillait Vladimir Poutine en marge des JO d’hiver à Pékin et déclarait que leur amitié n’avait «pas de limites». Attachée à son partenariat avec Moscou, la Chine n’a condamné ni la présence de soldats russes en Ukraine ni l’annexion des territoires du sud de l’Ukraine, et accusé l’occident d’être responsable du conflit. Son soutien reste, mais il est très calibré.

Dès la fin février en Russie, ils étaient nombreux à hausser les épaules face aux sanctions occidentales qui pointaient : « De toute façon, nous pouvons tout faire avec le soutien de la Chine ». La réalité est évidemment plus nuancée. D’un côté, Pékin se refuse à utiliser le terme d’« invasion » pour qualifier ce que Moscou fait en Ukraine, rejette la responsabilité du conflit sur les États-Unis et l’OTAN, et condamne les livraisons d’armes et les sanctions. De l’autre, la Chine veille à respecter ces mêmes sanctions occidentales.

Surtout, plus le conflit dure, plus la Chine laisse filtrer son agacement. C’était le cas mi-septembre, lors du sommet de Shanghai. Au point que Vladimir Poutine avait dû publiquement dire « comprendre les questions et inquiétudes » chinoises. Les revers de l’armée russe et les menaces d’emploi de l’arme nucléaire sont passés par là.

Anti-occidental et anti-Washington

Mis à l’épreuve, le lien Pékin-Moscou reste toutefois solide avec un attelage résolument anti-occidental et singulièrement anti-Washington. La relation est aussi tissée d’intérêts partagés sur les plans militaires et stratégiques : les deux pays ont ainsi multiplié les exercices militaires conjoints ces derniers mois. Sur le plan économique en revanche, le déséquilibre en faveur de Pékin est flagrant. Au forum économique de Vladivostok début septembre, Vladimir Poutine avait bien vanté le pivot asiatique de Moscou. Mais si la Chine achète du pétrole russe et contribue ainsi à soutenir son effort militaire, c’est aussi pour elle une bonne affaire, tant Moscou pratique désormais avec ses clients une politique de rabais.

Enfin, Pékin pourrait aussi profiter d’une Russie concentrée sur le conflit en Ukraine pour pousser ses intérêts en Asie centrale. Les deux pays entretenaient jusque-là dans cette région une rivalité maîtrisée.

RFI