🇺🇦 Frappes russes “massives” à travers l’Ukraine: la centrale nucléaire de Zaporijjia “en mode ‘black out’”

🇺🇦 Frappes russes “massives” à travers l’Ukraine: la centrale nucléaire de Zaporijjia “en mode ‘black out’”

L’Ukraine a abattu 34 missiles sur 81 et quatre drones lancés par la Russie lors d’une nouvelle vague de frappes massives contre ses “infrastructures essentielles”, a annoncé jeudi le commandant en chef des forces armées ukrainiennes.

La défense anti-aérienne ukrainienne a réussi à abattre “34 missiles” sur 81 ainsi que quatre drones explosifs Shahed de fabrication iranienne sur huit, a indiqué le général Valery Zaloujny sur Telegram. Depuis le mois d’octobre et après plusieurs revers militaires sur le terrain, la Russie bombarde de missiles et de drones des installations énergétiques-clés d’Ukraine, plongeant à chaque fois des millions de personnes dans le noir et le froid en plein hiver glacial.

Zaporijjia “en mode ‘black out’”

Accident radioactif possible

La centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée par l’armée russe dans le sud de l’Ukraine, a été coupée du réseau électrique ukrainien après une frappe russe, a affirmé jeudi l’opérateur nucléaire ukrainien, mettant en garde sur un risque d’accident.

“La dernière ligne de communication entre la centrale nucléaire occupée de Zaporijjia et le réseau électrique ukrainien a été coupée à cause d’attaques de roquettes” russes, a indiqué dans un communiqué Energatom, précisant que des générateurs diesel de secours avaient été enclenchés pour assurer l’alimentation minimale de la centrale. “Actuellement, la centrale (…) est passée en mode ‘black out’ pour la sixième fois depuis l’occupation, les réacteurs des unités 5 et 6 ont été mis (à l’arrêt) à froid”, a ajouté Energatom.

L’opérateur précise que 18 générateurs diesel de secours ont été enclenchés pour assurer l’alimentation minimale de la centrale. “Ils ont assez de carburant pour dix jours. Le compte à rebours a commencé”, souligne Energatom. “S’il n’est pas possible de renouveler l’alimentation électrique extérieure de la centrale, un accident avec des conséquences radioactives pour le monde entier pourrait avoir lieu”, avertit l’opérateur.

Une centrale disputée

L’armée russe a occupé dès le 4 mars 2022, neuf jours après le début de son invasion, cette immense complexe nucléaire du sud de l’Ukraine. La centrale, qui produisait auparavant 20% de l’électricité ukrainienne, a continué à fonctionner les premiers mois de l’invasion, malgré des périodes de bombardements, avant d’être mise à l’arrêt en septembre.

Depuis, aucun de ses six réacteurs VVER-1000 datant de l’époque soviétique ne génère de courant, mais l’installation reste connectée au système énergétique ukrainien et consomme de l’électricité produite par celui-ci pour ses propres besoins.

Précédemment, l’opérateur nucléaire ukrainien avait prévenu que la mise à arrêt de la centrale entraînait “une dégradation graduelle de tous ses systèmes et de son équipement”. Energatom s’était également inquiété d’un “risque d’incident nucléaire” en cas de rupture de la dernière ligne électrique reliant la centrale au système énergétique ukrainien.

De l’est à l’ouest, l’Ukraine sous lesfrappes russes

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Avant l’aube jeudi, à Kharkiv, dans l’Est du pays, “l’ennemi a mené environ 15 frappes sur la ville et la région. Les occupants ciblent une fois encore des installations essentielles”, a déclaré sur les réseaux sociaux le gouverneur de la région, Oleg Synegubov.

“Selon les premières informations, un immeuble résidentiel privé de la région de Kharkiv a été touché”, a-t-il ajouté, annonçant des précisions “claires” sur d’éventuelles victimes et sur l’ampleur des dégâts. Le maire de Kharkiv Igor Terekhov a expliqué que “l’infrastructure énergétique” de la ville, la principale de la région, avait été visée et qu’il y avait des “problèmes” d’électricité dans certains quartiers. Des installations énergétiques de Kharkiv avaient déjà été touchées par des frappes russes mi-janvier. “Il n’y a plus d’électricité dans toute la ville”, a-t-il déclaré à la télévision: “Les transports électriques ne fonctionnent pas. Il n’y a pas de chauffage et d’approvisionnement en eau, en raison du manque de tension dans le réseau électrique”.

Sud

Le gouverneur de la région d’Odessa (sud), Maksym Marchneko, a de son côté rapporté que “des missiles ont frappé l’infrastructure énergétique régionale et endommagé des bâtiments résidentiels”, parlant d’une “frappe massive de missiles”. L’attaque, survenue un peu plus d’un an après l’invasion par les troupes russes le 24 février 2022, n’a pas fait de mort, selon le gouverneur, mais des “restrictions d’approvisionnement en électricité” ont été mises en place. Deux personnes ont en revanche été blessées, selon un porte-parole des secouristes locaux.

Capitale

Le maire de Kiev, Vitali Klistchko, a fait état jeudi d’explosions dans le sud de la capitale. La défense aérienne y était déployée, comme dans d’autres régions du pays, selon les autorités. Au moins deux personnes ont été blessées, a indiqué le maire de la capitale. “Une autre explosion dans la capitale. District de Sviatochyne. Les secours vont sur place. Des voitures sont en feu dans la cour d’un immeuble résidentiel”, a indiqué Vitali Klitschko, sur Telegram, précisant que deux personnes de ce quartier avaient été blessées et hospitalisées.

Ouest

Dans l’Ouest, le gouverneur de la région de Khmelnytskyi, Segiy Gamaliy, a exhorté les habitants à “rester dans les abris”, car “l’ennemi frappe les infrastructures essentielles du pays”. La police a rapporté des explosions à Mykolaïv (sud) et les médias dans les régions de Lviv (ouest) et Dnipro (est) notamment.

Une frappe russe a tué au moins quatre civils – deux hommes et deux femmes – dans la région ukrainienne de Lviv (ouest) tôt jeudi matin, a annoncé le gouverneur régional. Un missile russe est tombé sur un quartier résidentiel dans le district de Zolotchiv, détruisant trois maisons, a précisé le gouverneur, Maksym Kozytsky, sur Telegram. “Les débris sont en train d’être déblayés, d’autres personnes peuvent être en-dessous”, a-t-il ajouté.

Prise imminente de Bakhmout?

Ces frappes de grande envergure interviennent au lendemain de l’annonce par le patron de l’organisation paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, de la prise de la partie orientale de Bakhmout, petite ville de l’est de l’Ukraine au coeur des combats depuis des mois, malgré une valeur stratégique contestée.

Bakhmout pourrait tomber “dans les prochains jours”, a estimé devant la presse le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, ajoutant cependant que “cela ne reflète pas nécessairement un quelconque tournant dans la guerre”. Des responsables ukrainiens, y compris le président Volodymyr Zelensky lui-même, ont cependant averti que la chute de la ville pourrait ouvrir la voie à une progression russe dans l’Est.

Rencontre des 27

Ces dernières frappes suivent une rencontre mercredi des 27 ministres de la Défense de l’UE à Stockholm, avec leur homologue ukrainien Oleksiï Reznikov, pour négocier un plan de livraisons d’obus et de munitions à Kiev, qui pourrait être porté à deux milliards d’euros.

Le président ukrainien a accueilli le secrétaire général de l’ONU Antonion Guterres à Kiev mercredi, pour discuter notamment du prolongement d’un accord permettant à l’Ukraine d’exporter ses céréales.

Mi-février, Moscou avait déjà mené une attaque “massive” avec des dizaines de missiles contre des sites de production énergétique faisant perdre temporairement à l’Ukraine une part importante de ses capacités de génération. Kiev avait annoncé peu après avoir retrouvé une production d’électricité suffisante pour éviter les coupures, après des mois de restrictions dues aux frappes russes répétées.

Mercredi, la directrice du renseignement américain Avril Haines a estimé que la grande offensive russe qui était crainte il y a quelques semaines a fait long feu et que le Kremlin ne réalisera probablement pas de “gains territoriaux majeurs” en Ukraine cette année et semble devoir se contenter d’objectifs révisés à la baisse.

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