🇺🇦 «Fosse commune» à Izioum: les premières exhumations révèlent des corps «torturés»

🇺🇦 «Fosse commune» à Izioum: les premières exhumations révèlent des corps «torturés»

Après la découverte de plus de 400 tombes sommaires et d’une fosse commune de soldats ukrainiens dans une région reprise aux Russes, les premières exhumations ont eu lieu ce vendredi 16 septembre.

Des exhumations qui se sont déroulées ce vendredi dans une pinède à la lisière nord d’Izioum, on retiendra l’odeur pestilentielle, qui donne la nausée. Les médecins légistes ont d’abord découvert une fosse contenant les corps de 17 soldats ukrainiens, qui portaient des marques de torture et qui ont visiblement été exécutés, rapporte notre correspondant, Stéphane Siohan.

Les spécialistes ont ensuite commencé à extraire une trentaine des 443 corps qui ont été identifiés sur cette parcelle de terrain. La plupart d’entre eux étaient recouverts d’une croix, portant un numéro, voire une identité. Selon le procureur de Kharkiv, beaucoup de personnes enterrées dans ce bois ont été tuées lors des bombardements et frappes aériennes russes, pendant le siège de la ville en mars et avril dernier. Il est possible que certaines victimes soient également mortes de faim, de froid ou de vieillesse, durant cette période sans eau et électricité.

Néanmoins, des tortures et des exécutions commises sur des personnalités identifiées comme pro-ukrainiennes ne sont pas à exclure. « Les Russes avaient des listes, ils avaient les noms des vétérans de 2014 ou des familles de soldats. Après ils ont commencé à fouiller dans les appartements pour voir s’il n’y avait pas de soldats, raconte un témoin local. Entre voisins, on déterrait les corps, puis venait une voiture appelée Grouz-200, et puis quand ce véhicule arrivait il y avait le transfert vers ce site où nous sommes. »

Un bracelet jaune et bleu a été retrouvé au poignet d’un des corps déterrés. « Les corps seront envoyés pour autopsie afin de déterminer la cause exacte des décès », a souligné le gouverneur régional Oleg Synegoubov. « L’ampleur des crimes commis à Izioum est énorme », a-t-il souligné, dénonçant « une terreur sanglante et brutale ». Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a immédiatement indiqué vouloir envoyer une équipe sur place pour « déterminer les circonstances de la mort de ces personnes ».

Zelensky promet « un châtiment terrible »

Le président ukrainien, dans une vidéo postée sur Telegram, a promis « un châtiment terriblement juste » aux responsables des crimes présumés. « La Russie ne laisse que mort et souffrance. Des meurtriers. Des tortionnaires. Privés de tout ce qui est humain », a-t-il ajouté.

La Russie agit de « manière épouvantable et cela se voit et se répète (…). On voit ce qu’elle laisse dans son sillage », a commenté à Washington le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken. « La Russie, ses dirigeants politiques et toutes les personnes impliquées dans les violations continues du droit international et du droit humanitaire international en Ukraine devront rendre des comptes », a estimé le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, dans un communiqué. Le président français Emmanuel Macron a quant à lui condamné avec « la plus grande fermeté » les « atrocités commises à Izioum sous occupation russe ». « Leurs auteurs devront répondre de leurs actes. Il n’y a pas de paix sans justice », a-t-il ajouté dans un tweet.

Le chef de la police ukrainienne, Igor Klymenko, a de son côté annoncé la découverte de dix « salles de torture » dans des localités reprises aux Russes dans la région de Kharkiv, dont six à Izioum et deux dans la ville de Balakliïa. Les forces russes ont été accusées de nombreuses exactions dans les zones qui étaient sous leur contrôle, notamment à Boutcha, en banlieue de Kiev, où des corps de civils froidement exécutés avaient été découverts après leur retrait fin mars. Moscou nie que ses soldats aient commis ces atrocités.

RFI