🇹🇷 La Banque centrale turque baisse son taux directeur et aggrave la chute de sa monnaie

🇹🇷 La Banque centrale turque baisse son taux directeur et aggrave la chute de sa monnaie

En Turquie, l’inflation bat des records historiques. 79,6% sur un an en juillet et ce taux ne fait que grandir. Mais comme à son habitude, la Banque centrale opère à rebours des usages de la plupart des institutions dans le monde et baisse son taux directeur. Ce jeudi, elle l’a abaissé à nouveau de 14 à 13%, ce qui a immédiatement fait reculer la valeur de la livre turque.

Face à l’inflation, la banque centrale a à plusieurs reprises répondu en abaissant ses taux, à l’inverse de la théorie classique et de l’usage en cours. Ainsi l’avait ordonné le président turc Recep Tayyip Erdogan. Mais ces sept derniers mois, la banque avait maintenu son taux stable, d’où la surprise des marchés face à cette nouvelle réduction du taux. La banque centrale la justifie par les « incertitudes sur la croissance mondiale et les risques géopolitiques ».

Suite à cette baisse, la monnaie a perdu 1% de sa valeur face au dollar pour atteindre son plus bas niveau depuis le 20 décembre 2021 (18 livres pour 1 dollar). Au désespoir de la population qui observe s’effondrer leur devise. En 2021, elle a perdu près de 44% de sa valeur face au billet vert et cette baisse continue depuis janvier (25%), de quoi nourrir encore l’inflation.

Une inflation record 

La semaine dernière, les autorités ont revu à la hausse leurs prévisions d’inflation pour la fin d’année à 70,6 %. Pour des économistes indépendants et les opposants à Erdogan, elle serait deux fois plus importantes. 

Pour les Turcs, l’envolée des prix devient difficilement soutenable, malgré deux hausses du salaire minimum depuis le 1er janvier. Le pays est très dépendant des importations, notamment pour les matières premières et l’énergie. La Turquie connaît une inflation à deux chiffres presque sans discontinuer depuis début 2017, mais la hausse des prix à la consommation n’avait jamais atteint un tel niveau depuis l’arrivée au pouvoir en 2002 du Parti de la justice et du développement (AKP) du président Erdogan.

RFI