🇷🇺 Recrutés en prison, ces soldats de Wagner se confient sur les horreurs de la guerre

🇷🇺 Recrutés en prison, ces soldats de Wagner se confient sur les horreurs de la guerre

Le quotidien britannique The Mirror a interviewé deux soldats russes de Wagner. Tous deux ont été recrutés en prison par le chef du groupe armé, Evguéni Prigojine, en personne, et ont combattu plusieurs semaines dans le Donbas avant d’être capturés par les forces ukrainiennes. Selon l’un d’eux, Wagner aurait menti pour convaincre les prisonniers de s’enrôler dans la guerre. Pour leur sécurité, l’anonymat des deux hommes a été préservé.

“On nous a dit que d’autres pays étaient impliqués dans la guerre en Ukraine et que nous devrions défendre la Russie des terroristes. On nous a dit que nous n’allions pas combattre des civiles, mais des fascistes et des soldats venus d’autres pays”, a expliqué Viktor. Le Russe a été condamné à vingt ans de prison pour le meurtre d’un Tchétchène, mais a été libéré onze ans plus tôt pour s’engager dans le groupe Wagner, à la solde de Poutine. Selon lui, 200 prisonniers du centre carcéral où il était enfermé auraient également accepté d’être enrôlés en échange d’un nouveau départ, d’argent (un salaire de 200.000 roubles, soit 2.500 euros par mois) et d’un travail à leur retour d’Ukraine. “Avec mon casier, je n’aurais jamais pu avoir de travail. Je n’avais pas le choix, même si j’ai mis une semaine avant de me décider”, poursuit le combattant russe.

Anatoliy, quant à lui, a été recruté alors qu’il lui restait 18 mois de prison à effectuer pour son implication dans une bagarre. Lui aussi a rejoint le combat pour faire table rase du passé et avoir un casier vierge. “Je ne peux pas dire que j’ai fait le bon choix, mais je voulais une vie meilleure”, a-t-il raconté au Mirror, comme pour justifier sa décision. “Je n’avais aucune idée de l’endroit où j’allais aller, je savais juste que j’allais combattre en Ukraine.” Pour lui, intégrer le groupe Wagner était une fierté: “J’ai participé à cinq grandes batailles. Le groupe Wagner était toujours en avance sur l’armée.”

“Je n’ai pas été battu et les Ukrainiens me traitent bien. Je n’ai rien contre eux.”Viktor, Combattant de Wagner recruté en prison

Mensonges

En septembre dernier, Viktor a quitté la prison en bus pour rejoindre le front à Louhansk, dans la région du Donbas. Après six semaines d’entraînement, lui et ses homologues ont été envoyés au combat. C’est à ce moment-là que le prisonnier russe s’est rendu compte qu’on lui avait menti. “Nous avons été séparés en groupes de quinze et envoyés combattre contre ce qu’ils prétendaient être dix Ukrainiens. En réalité, ils étaient près de quarante. Un sniper a touché plusieurs de nos hommes et en a tué deux. C’était la première fois que je voyais quelqu’un perdre une jambe. (…) C’était effrayant, horrible, choquant”, a-t-il confié à nos confrères. Selon le soldat de Wagner, plus de mille personnes, sur les quelque 5.000 prisonniers envoyés au front, ont été tués.

Capturés, et après?

Viktor a participé à quatre batailles avant d’être blessé par des éclats d’obus et d’être fait prisonnier par les Ukrainiens. C’était trois mois et demi après avoir rejoint les rangs de Wagner. Lors de sa capture, le Russe pensait qu’il allait être tué. C’est en tout cas ce que les recruteurs de Wagner leur auraient dit, à lui et aux autres ex-prisonniers russes. “Je n’étais pas serein, mais cela ne s’est pas produit. Je n’ai pas été battu et les Ukrainiens me traitent bien. Je n’ai rien contre eux”, a-t-il expliqué au journaliste qui l’a interrogé.

“Un soldat ukrainien s’est dressé au-dessus de moi avec une mitrailleu­se et a tiré dans le sol près de mes jambes en guise d’avertissement.”Anatoliy, Combattant de Wagner recruté en prison

Anatoliy a également été capturé dans le Donbas. Il a été surpris de constater que les forces ennemies étaient bien plus redoutables que Wagner. “Un tireur d’élite a tué dix de mes camarades, un autre gars a été blessé et je lui ai donné les premiers soins. J’ai fini seul et ai été coincé”, a poursuivi le Russe. “Alors que j’étais allongé sur le sol, sans munitions, un soldat ukrainien s’est dressé au-dessus de moi avec une mitrailleuse et a tiré dans le sol près de mes jambes en guise d’avertissement. J’ai ensuite été fait prisonnier, sain et sauf.”

Maintenant qu’ils ont été capturés, Viktor et Anatoliy ne savent pas ce qu’il adviendra d’eux. Selon ce dernier, il n’y a que trois possibilités: être tué, rentrer chez lui ou être renvoyé en Russie pour combattre à nouveau.

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