🇷🇺 Poutine teste le missile nucléaire Yars: “Si les Russes déploient un tel système, la fin du monde est proche”

🇷🇺 Poutine teste le missile nucléaire Yars: “Si les Russes déploient un tel système, la fin du monde est proche”

Les forces russes ont entamé ce mercredi matin des exercices pour tester le nouveau missile balistique intercontinental Yars, a annoncé le ministère russe de la Défense. Quelles sont les capacités exactes de cet engin nucléaire? Quelle est la probabilité que Vladimir Poutine le déploie? Pourquoi les Russes rendent-ils public ces exercices? Le lieutenant-colonel Tom Simoens a livré son expertise dans les colonnes de HLN.

Les missiles à longue portée dont il est question sont des armes impressionnantes. “Ce sont des missiles que l’on tire verticalement et qui montent ensuite à des kilomètres de haut, presque dans la stratosphère. Comme ils montent très haut, ils atteignent une vitesse phénoménale. Ils redescendent ensuite directement. Ils peuvent aller à plus de 10.000 km de distance”, explique Tom Simoens, de l’Académie militaire royale. “Ces ‘missiles balistiques intercontinentaux’ (ICBM) peuvent donc voler de la Russie vers d’autres continents. Ce sont les armes dont parlent les Russes lorsqu’ils affirment qu’ils peuvent raser Londres”.

Si les Russes déploient un tel système, la fin du monde est proche. Point final.Tom Simoens, lieutenant-colonel

Beaucoup plus difficiles à intercepter

Les missiles avec lesquels les Russes effectuent des entraînements actuellement sont de type Yars. Ils peuvent voler jusqu’à 12.000 km de distance. Mais la longue portée n’est pas le seul avantage de ces missiles. Ils sont également beaucoup plus difficiles à intercepter. “Les deux seules bombes atomiques larguées à ce jour sont celles qui ont frappé les villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki pendant la Seconde Guerre mondiale. Elles ont été larguées à partir d’un avion”, précise le lieutenant-colonel Tom Simoens. “Cependant, un avion est lent et vulnérable. Il peut facilement être intercepté. Un ICBM, en revanche, peut être lancé à partir de n’importe quelle plateforme, par exemple d’un silo profondément enterré ou d’un sous-marin difficile à détecter.”

Ces missiles Yars mobiles russes sont tirés à partir d’un camion. Sur chaque camion se trouve un tube de lancement contenant un missile. À l’intérieur de la tête de chaque missile se trouvent plusieurs têtes nucléaires. Lorsque le missile descend d’une altitude élevée, il éclate et les ogives nucléaires sont “déchargées”. Ces petites têtes nucléaires sont donc extrêmement difficiles à intercepter. En bref, il s’agit d’armes incroyablement efficaces contre lesquelles il est difficile de se défendre. “Si les Russes déploient un tel système, la fin du monde est proche. Point final”, affirme M. Simoens.

Chaque fois que les choses ne vont pas très bien sur le champ de bataille, ils sortent leur rhétorique nucléaire.Tom Simoens, lieutenant-colonel

3.000 militaires impliqués

Mais les Russes ont-ils l’intention d’utiliser ces missiles balistiques? En tout cas, ils ne cachent pas qu’ils s’entraînent actuellement dans trois régions russes. Bien au contraire. C’est le ministère russe de la Défense lui-même qui a annoncé avec une certaine fierté sur Telegram que les manœuvres avaient commencé. De son propre aveu, plus de 3.000 militaires et environ 300 équipements sont impliqués dans ces exercices.

“Ce que les Russes font à nouveau aujourd’hui, ce n’est rien d’autre que de rouler des mécaniques”, estime M. Simoens. “Chaque fois que les choses ne vont pas très bien sur le champ de bataille, ils sortent leur rhétorique nucléaire. Aujourd’hui, ils se rendent compte qu’ils ont déjà tiré leurs meilleures flèches lors de leur récente offensive hivernale. Ils ont des problèmes d’approvisionnement de leurs troupes. C’est pourquoi ils brandissent à nouveau la menace des armes nucléaires. Mais sur qui tireraient-ils ces missiles balistiques? S’ils le font sur l’Europe ou les États-Unis, ils peuvent certainement s’attendre à des représailles. Les chances que ces missiles soient déployés sont inexistantes. Ce n’est pas un scénario réaliste.”

L’armée russe s’entraîne actuelle­ment avec des systèmes de missiles qui n’ont jamais été déployés et il est totalement irréaliste de penser que les Russes seront les premiers à le faire à l’avenir.Tom Simoens, lieutenant-colonel

Servir ses propres intérêts

Selon M. Simoens, il s’agit d’exercices qui auraient pu être réalisés dans d’autres circonstances, mais sans leur donner autant de publicité. Aujourd’hui, selon lui, ils sont réalisés pour servir leurs propres partisans. “Cela s’inscrit dans la rhétorique qui consiste à faire croire à l’opinion publique russe que le pays est attaqué par l’OTAN et l’Occident. Dans l’éventualité d’une attaque, la Russie doit être en mesure de se défendre. C’est à cela que servent ces missiles balistiques intercontinentaux”.

En d’autres termes, il s’agit d’un message russe destiné principalement aux Russes eux-mêmes. “Mais avec ce message, ils se compliquent la tâche sur le plan international”, ajoute le lieutenant-colonel Tom Simoens. “Je ne comprends pas ce qu’ils veulent obtenir avec ce message, si ce n’est un discours à l’égard de leur propre population. Pour nous, en Occident, le plus important est d’être capable de voir clair dans cette rhétorique. L’armée russe s’entraîne actuellement avec des systèmes de missiles qui n’ont jamais été déployés et il est totalement irréaliste de penser que les Russes seront les premiers à le faire à l’avenir.”

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