❤️️ Saint-Valentin : pourquoi fête-t-on les amoureux le 14 février ?

❤️️ Saint-Valentin : pourquoi fête-t-on les amoureux le 14 février ?

Ce mardi, c’est la Saint-Valentin ! Pourquoi la fête des amoureux tombe-t-elle le 14 février ? Quelles sont ses origines et comment la célèbre-t-on ailleurs dans le monde ? On vous dit tout

Ils s’en moquent sûrement comme de leur dernier baiser, mais le jour de la Saint-Valentin, quand ils échangent billets d’amour, chocolats, fleurs et autres menus cadeaux, les amoureux du monde entier perpétuent sans le savoir une fête très ancienne qui remonte à l’Antiquité, comme la plupart des fêtes chrétiennes que nous célébrons.

Bien sûr, nombre de ses traditions se sont perdues et ses rituels ont évolué au fil des siècles. Mais en 2023, la Saint-Valentin est toujours là. Agaçante ou pas, elle est incontournable. Et son histoire est millénaire.

Lupercus, le dieu de l’amour et de la fécondité

Héritage de la Rome antique

La fête des amoureux tire ses origines d’une fête païenne célébrée par les Romains, habilement « récupérée » par l’Église chrétienne afin d’amener le peuple à la religion sans changer brutalement ses coutumes : les Lupercales. 

Les fêtes romaines des Lupercales, qui avaient lieu en février dans l’Antiquité, sont à l’origine de la Saint-Valentin. Tableau « Les Lupercales », peint vers 1635 par Andrea Camassei, Madrid, musée du Prado.Wikimedia Commons

Comme vous n’avez pas séché vos cours de latin au collège, vous vous rappelez sûrement que ces fêtes romaines de purification, débordant de sensualité érotique, se déroulaient chaque année en février, mois de l’amour et de la fertilité. Au cas où, petite piqûre de rappel.

L’allaitement par la louve capitoline de Romulus et Remus. Bronze, longtemps considérée comme une œuvre étrusque du Ve siècle av. J.-C., récemment datée des XIIe-XIIIe siècles (les jumeaux sont un ajout du XVe siècle).
Wikimedia Commons

Dans la Rome antique, chaque 15 février, quinze jours avant le début de l’année qui commençait alors le 1er mars, et au début du renouveau printanier, la religion polythéiste honorait Lupercus Faunus (aussi appelé Pan), le dieu de la fécondité, des bergers et des troupeaux, dont le nom vient du latin « lupus », le loup, un animal symbolique dans la mythologie romaine.

Les Lupercales, trois jours de folies placées sous le signe de la sexualité et de l’amour

Lors des fêtes des Lupercales, trois jours de folies placées sous le signe de la sexualité, de l’amour et de la reproduction, durant lesquels on buvait jusqu’au délire et où l’on fêtait également Junon, déesse du mariage, douze luperques, prêtres de Faunus, sacrifiaient un bouc à leur dieu dans la grotte du Lupercal (au pied du mont Palatin) où, selon la légende, la louve avait sauvé en les allaitant Romulus et Rémus, les jumeaux nouveau-nés, futurs fondateurs de la cité du Latium destinée à étendre son empire sur le monde.

Puis, durant la « course des luperques » , les prêtres couraient tout nus par les rues de la ville, fouettant les passants, principalement les dames, avec des lanières en peau de bouc, dont on pensait qu’elle était gage de fertilité et facilitait les accouchements. Enfin, les célébrations s’achevaient par un grand banquet, au cours duquel les jeunes hommes tiraient au sort leur compagne pour la soirée, qui se terminait en bacchanales, la plupart du temps. Les prémices de ce que l’on appellera plus tard l’esprit de carnaval, véritable soupape de sécurité sociétale.

Mais qui diable était donc ce fameux Valentin, patron des amoureux ?

Saint-Valentin s’agenouillant devant la Vierge par David Teniers III.
Wikimedia Commons

Au risque de décevoir, il est impossible de savoir avec certitude quel est précisément le Valentin que l’on fête le 14 février. Pas moins de sept saints de l’Église chrétienne répondent à ce nom ! Les historiens en retiennent principalement un martyrisé au IIIe siècle et enterré à Rome. Valentin, dit de Terni, ou de Rome, un prêtre devenu évêque, est mort supplicié sous le règne du cruel empereur Claude II, un certain… 14 février 270.

« Ton Valentin »

Ce martyre de la foi chrétienne fut canonisé en 495, par le pape Gelase Ier qui a décidé d’instaurer, en 498, le 14 février, le jour de sa mort, une fête religieuse, avec des messes et des processions, afin d’encadrer les jeux libertins païens de l’avant printemps, jugé « immoraux » par l’Église.

Selon la légende (tardive), Valentin de Terni aurait redonné la vue à la fille de son geôlier, et la veille de son martyre, il lui aurait envoyé un message signé « Ton Valentin ». C’est de cette histoire que serait née la jolie coutume d’envoyer un message d’amour ou d’amitié baptisé « Valentin », à l’élu (e) de son cœur.

Sous le haut patronage de l’Église

Ce qu’il y a de sûr, c’est que le rite païen des fêtes de la jeunesse du 15 février a perduré dans une Rome pourtant majoritairement chrétienne et les deux fêtes se sont mélangées, comme l’explique le sociologue Jean-Claude Kaufmann dans son ouvrage « Saint-Valentin mon amour ! » , Publié en 2017, ce livre réjouissant retrace l’histoire méconnue de la fête des amoureux. Par la suite, au XIVe et au XVe siècle, Saint-Valentin est devenu officiellement le saint patron des fiancés et des amoureux.

Soupape aux frustrations sexuelles, amour courtois et cartes postales

Carte de Saint-Valentin, vers 1910.
Wikimedia Commons

Jusqu’au XIXe siècle, dans la société française traditionnelle, la sexualité était interdite jusqu’au mariage. Tolérées en février et accompagnées de danses, de baisers, voire un peu plus, les fêtes de la jeunesse ont longtemps permis des jeux amoureux éphémères servant de soupape aux frustrations sexuelles. Les célibataires d’origine populaire y trouvaient l’occasion de se rencontrer. Les couples des milieux plus aisés n’étaient pas concernés, les mariages étant arrangés à l’avance par les familles, moyennant une dot.

L’Amérique donne un tour commercial à cette fête

Favorisée par l’Église chrétienne, la naissance au Moyen-Âge de la Saint-Valentin adoucit les mœurs amoureuses, faisant évoluer les fêtes de février de la célébration de l’amour physique à celle de l’amour courtois. On exprime ses sentiments au travers de poèmes, puis de lettres d’amour. Une pratique qui va se populariser et se généraliser sous la forme de billets doux appelés « Valentins », avant de traverser l’Atlantique au XIXe siècle. L’Amérique va donner un tour commercial à cette fête, comme elle sait si bien le faire.

La vogue des cartes postales dans l’entre-deux-guerres

Dans les années 1910-1920, les amoureux découvrent le plaisir d’envoyer des cartes postales. Le petit mot devient une carte décorée, avec les symboles du cœur ou de Cupidon, le petit dieu de l’amour, avec ses flèches et son carquois, ou encore de roses rouges, couleur de la passion dans le langage des fleurs. Avant 1914, les cartes de la Saint-Valentin étaient souvent codées pour que le facteur et la famille ne puissent les lire. Une pratique qui sera interdite durant la première guerre mondiale, par peur des espions allemands…

Fleurs, chocolats, bijoux, dîners en amoureux, menus présents… Tour du monde de la Saint-Valentin

En 1969, l’Église a exclu de son calendrier officiel les saints plus légendaires que religieux, dont Saint-Valentin. Une mesure qui n’a pas éteint la tradition, loin de là. Si, à l’ère d’Internet, l’envoi d’une carte tend à devenir exceptionnel, la fête des amoureux est fêtée aujourd’hui tout autour du monde, avec des rituels très divers. Depuis l’Antiquité, les dames et les demoiselles ne reçoivent plus de coups de fouets à la lanière de bouc… Nulle ne s’en plaindra.

En France, où le petit village de Saint-Valentin dans l’Indre a carrément instauré la fête nationale des amoureux, c’est l’occasion d’un petit cadeau, d’envoi de fleurs ou d’une invitation au restaurant. En Italie, on s’offre des chocolats enrobés dans un message d’amour, les « Baci Perugini ». Dans les pays anglo-saxons, on envoie des cartes parfois à plusieurs personnes, tous ceux que l’on aime (parents, frères, sœurs, amis…) : c’est aussi la fête de l’amitié.

En Inde, où les mariages sont souvent décidés par les parents, on offre le bouquet de roses non à la femme qu’on aime, mais à sa mère. En Chine, c’est le concours de bouquets : celui que l’on offre doit être plus gros que celui du voisin. Au Japon, les femmes offrent des boîtes de chocolats aux hommes qu’elles aiment (« chocolats de la destinée ») et aussi, la coutume s’étant étendue au monde professionnel, à leurs collègues masculins et à leur patron (« chocolats de courtoisie »). Et là, nouvelle compétition : c’est à celui qui en recevra le plus sur son bureau !

Et puis, il y a ceux (beaucoup moins nombreux) qui détestent cette tradition. En Arabie saoudite, des policiers des mœurs font la chasse aux nounours et à la couleur rouge, symboles « valentiniens » très prisés au Moyen-Orient. Aux États-Unis ou en Afrique, certaines églises évangéliques s’y opposent, tant l’idée de « liberté sexuelle » qui s’y rattache inquiète la morale religieuse bien-pensante.

Besoin d’amour

Chaque année, le 14 février, des millions de cadeaux d’amour s’échangent dans le monde. En France, certains commerçants triplent leur chiffre d’affaires pour une fête dont on critique la dérive commerciale. Mais la Saint-Valentin, comme le souligne Jean-Claude Kaufmann, répond autant à un besoin réel d’amour, un désir d’être ensemble qui n’arrive pas toujours à s’exprimer, qu’à d’énormes intérêts commerciaux. Bonne Saint-Valentin à toutes et tous !

SudOuest.fr