🇺🇸 “Il s’agit d’un enlèvement”: un père sans nouvelle de son fils de 19 ans expulsé au Salvador

🇺🇸 “Il s’agit d’un enlèvement”: un père sans nouvelle de son fils de 19 ans expulsé au Salvador

Wilmer Gutierrez dénonce l’expulsion illégale de son fils Merwil, un jeune vénézuélien de 19 ans, vers une prison de haute sécurité au Salvador, dans un contexte de campagne d’expulsion menée par l’administration Trump.

Une expulsion mystérieuse et controversée

Merwil Gutierrez, un jeune homme de 19 ans, a été expulsé des États-Unis vers le Salvador après avoir été arrêté à New York en février. Son père, Wilmer Gutierrez, ne sait plus si son fils est en bonne santé ou s’il a accès à de la nourriture dans la prison de haute sécurité où il a été incarcéré. Depuis son expulsion, la famille n’a plus aucune nouvelle de lui.

Près de 300 immigrés, principalement vénézuéliens, ont été expulsés récemment du pays par l’administration Trump, qui mène une campagne de lutte contre les gangs. Ces expulsions ont souvent conduit les personnes concernées à être transférées vers des prisons salvadoriennes, célèbres pour leurs conditions de détention extrêmement sévères.

Merwil, qui est originaire du Venezuela et non du Salvador, a été directement envoyé dans l’une de ces prisons destinées à contenir des membres de gangs. La famille ne comprend pas pourquoi il a été affecté à une telle institution, d’autant plus que son fils ne présente aucun lien avec les organisations criminelles visées par cette politique.

Une loi de 1798 invoquée pour justifier l’expulsion

L’administration Trump a fait appel à une loi de 1798, normalement utilisée en période de guerre, pour expulser des personnes soupçonnées d’appartenir à des gangs. Cette loi permet d’arrêter et d’expulser des individus sans qu’un juge n’ait à intervenir, une décision qui a suscité des problèmes juridiques. Récemment, des tribunaux et la Cour suprême ont suspendu son application, mais l’administration a insisté sur son utilisation à l’encontre du gang vénézuélien Tren de Aragua (TdA), qu’elle a qualifié de groupe terroriste.

L’arrestation de Merwil

Le 24 février, Merwil a été arrêté près de chez lui, dans le Bronx, par des agents de la police américaine. Selon son père, les agents cherchaient une autre personne, mais après un contrôle d’identité, un des agents a décidé de l’arrêter avec deux autres individus. La dernière fois que Wilmer a eu des nouvelles de son fils, celui-ci se trouvait dans un centre de transit au Texas. Il avait alors appris qu’il serait expulsé le lendemain, mais ils pensaient tous deux qu’il serait envoyé au Venezuela.

Cependant, après que les autorités ont publié la liste des expulsés, la famille a découvert que Merwil avait été envoyé au Salvador. Cette révélation a profondément bouleversé les Gutierrez.

Une expulsion sans respect des procédures légales

Le congrès américain a exprimé son désaveu de ces pratiques. Des figures de l’opposition, comme Alexandria Ocasio-Cortez et Adriano Espaillat, ont dénoncé cette expulsion, affirmant que Merwil avait été « arraché à son père » sans respecter les procédures légales. Ils ont souligné l’absence de chef d’accusation et de mandat d’expulsion judiciaire.

Pour Wilmer Gutierrez, l’expulsion de son fils constitue un véritable enlèvement. Il insiste sur le fait que son fils n’a jamais été impliqué dans des activités criminelles et qu’il n’a aucun tatouage en lien avec des gangs. Sa demande d’asile était en cours de traitement lorsque cette expulsion a eu lieu, et l’avocate Ana de Jesus envisage de porter l’affaire devant les tribunaux pour obtenir le retour de Merwil aux États-Unis.

« Le rêve américain s’arrête là »

Pour Wilmer, cette expulsion marque la fin du rêve américain pour sa famille. Il a montré des photos de leur périple depuis le Venezuela, une traversée difficile qui a conduit Merwil et son père à traverser la jungle du Darien pour atteindre les États-Unis. “Regardez ce visage d’enfant”, dit-il en montrant une photo de son fils de 17 ans.

Si son fils est renvoyé au Venezuela, Wilmer a affirmé qu’il ferait ses valises pour le suivre. « Le rêve américain s’arrête là », conclut-il avec amertume.