🇷🇺 L’Internet Research Agency continue de fonctionner malgré l’exil de son fondateur, Evgueni Prigojine

🇷🇺 L’Internet Research Agency continue de fonctionner malgré l’exil de son fondateur, Evgueni Prigojine

Malgré l’exil en Biélorussie d’Evgueni Prigojine, fondateur de l’Internet Research Agency (IRA), cette usine à trolls continue de fonctionner à plein régime. Selon l’analyste russe “Antibot4navalny”, il n’y a aucun signe d’affaiblissement significatif de l’activité de ses commentateurs sur Twitter. Ces trolls continuent de défendre les intérêts du Kremlin, même si un grand nombre d’entre eux se sont retournés contre leur créateur.

Selon le média d’investigation Agentsvo, les premières critiques à l’encontre d’Evgueni Prigojine sont apparues sur les réseaux sociaux en mai, en réaction à ses critiques contre le ministère russe de la Défense. “Antibot4navalny” précise que ces comptes ont favorisé Prigojine dans certains commentaires, tout en le critiquant dans d’autres. Cependant, lorsque Prigojine a annoncé son intention de lancer ses hommes à l’assaut de Moscou, les réactions ont été quasi unanimes contre lui.

Après le démantèlement de la milice Wagner et la fermeture de plusieurs de ses médias, Evgueni Prigojine semble perdre le contrôle de son usine à trolls. Cependant, rien ne permet d’affirmer qu’elle ait fait l’objet d’une reprise en main. Selon “Antibot4navalny”, le changement d’attitude des trolls s’explique plutôt par un alignement sur la rhétorique des médias russes. Si un changement de propriétaire devait avoir lieu, il est certain que l’équipe ne serait pas démantelée, mais simplement réaffectée à une autre entité proche du Kremlin.

L’IRA, créée en 2013 à Saint-Pétersbourg, est un outil précieux pour le régime de Vladimir Poutine. En Russie, ses trolls amplifient les récits favorables au pouvoir et discréditent les discours des opposants. À l’étranger, elle mène des campagnes de déstabilisation, notamment aux États-Unis et dans une douzaine de pays africains.

Le groupe de Prigojine a une expérience et un savoir-faire qui ne sont pas faciles à transmettre et trop stratégiques pour disparaître, selon Colin Gérard, chercheur et auteur d’une thèse sur les activités d’influence du milliardaire russe. L’IRA est une composante intrinsèque de l’offre que propose Wagner aux États africains, allant des mercenaires jusqu’aux campagnes contre les opposants ou d’autres acteurs.

En 2019, l’IRA s’est dotée d’une devanture plus respectable avec la création de Patriot, un groupe constitué de 11 médias financés par Evgueni Prigojine et d’un réseau de plus de 150 médias partenaires. Un nom revient avec insistance au sujet d’une reprise de l’usine à trolls et de l’empire médiatique de l’oligarque rebelle : celui de Iouri Kovaltchouk, un proche de longue date de Vladimir Poutine. Quoi qu’il en soit, l’Internet Research Agency a encore de beaux jours devant elle. Selon Darren Linville, chercheur américain, “le vrai patron a toujours été Poutine. Prigojine n’était qu’un rouage de la machine. Enlevez ce rouage et la machine fonctionne toujours”.

RFI