🇪🇸 Espagne : des manifestations prévues ce samedi pour protester contre la mauvaise gestion des inondations
Les protestataires vont réclamer la démission de Carlos Mazón. Figure du Parti populaire, cet avocat est accusé d’avoir tardé à réagir alors que l’Agence météorologique espagnole avait émis une alerte rouge dès le matin du 29 octobre.
AccusĂ©e d’avoir sous-estimĂ© les risques et mal coordonnĂ© les secours après les inondations meurtrières de la semaine passĂ©e, la classe politique espagnole est toujours la cible de la colère de nombreux habitants des zones dĂ©vastĂ©es du sud-est du pays. Presque une semaine après la vague de reproches qui avait visĂ© Ă Paiporta le premier ministre Pedro Sánchez, le chef de l’exĂ©cutif rĂ©gional Carlos MazĂłn et les souverains Felipe VI et Letizia, des manifestations sont prĂ©vues ce samedi 9 novembre en fin de journĂ©e Ă Valence et dans d’autres villes espagnoles pour protester contre la gestion des inondations du 29 octobre.Â
«Je trouve que tout ce qui s’est passĂ© est regrettable, depuis l’alerte qui n’a jamais Ă©tĂ© Ă©mise, jusqu’Ă la gestion qui a eu lieu par la suite, absolument personne n’est venu», dĂ©plore Manuel Gayá, un ingĂ©nieur de 40 ans qui vit Ă Llocnou de la Corona, près de Valence: «Nous avons Ă©tĂ© complètement bloquĂ©s pendant quatre jours, nettoyant les rues, les maisons, en nous entraidant». «Solo el pueblo salva el pueblo» [Seul le peuple sauve le peuple, NDLR] : Ă Valence, ce slogan est devenu populaire dans les conversations après la vague spontanĂ©e de solidaritĂ© qui s’est organisĂ©e pour palier les errements supposĂ©s des autoritĂ©s.
Ils demandent la démission de Carlos Mazón
Ce samedi, les organisateurs du rassemblement de Valence vont dĂ©filer pour rĂ©clamer la dĂ©mission de Carlos MazĂłn, qui concentre sur sa personne une grande partie de la colère des sinistrĂ©s, et avait Ă©tĂ© visĂ© dimanche Ă Paiporta, comme le chef du gouvernement et les souverains, par des insultes et des jets de boue. Figure du Parti populaire (PP, droite), cet avocat de 50 ans est accusĂ© d’avoir tardĂ© Ă rĂ©agir alors que l’Agence mĂ©tĂ©orologique espagnole (Aemet) avait Ă©mis une alerte rouge dès le matin du 29 octobre.
Il lui est Ă©galement reprochĂ© de s’ĂŞtre absentĂ© pendant plusieurs heures alors qu’il commençait dĂ©jĂ Ă pleuvoir et que le comitĂ© d’urgence s’Ă©tait rĂ©uni. Carlos MazĂłn s’est dĂ©fendu en assurant qu’il participait à «un dĂ©jeuner de travail» dans un restaurant de Valence, avec une journaliste, selon les mĂ©dias espagnols. Parmi les accusations Ă©galement formulĂ©es par les sinistrĂ©s, le fait que l’ensemble de la population n’ait Ă©tĂ© alertĂ© via ses tĂ©lĂ©phones portables que dans la soirĂ©e, alors que de nombreuses zones Ă©taient dĂ©jĂ submergĂ©es. La principale responsable des urgences de la rĂ©gion, SalomĂ© Pradas, a admis jeudi qu’elle ignorait l’existence de ce système d’alerte, avant de se rĂ©tracter.
Une coordination «chaotique»
En Espagne, un pays très dĂ©centralisĂ©, la gestion des catastrophes relève en effet de la responsabilitĂ© des administrations rĂ©gionales, mais le gouvernement central, chargĂ©, lui, d’Ă©mettre les alertes via l’Aemet, peut fournir des ressources et mĂŞme prendre la main dans des cas extrĂŞmes. C’est prĂ©cisĂ©ment ce dernier point qui motive les critiques de l’opposition de droite, qui accuse le chef du gouvernement socialiste d’avoir laissĂ© sombrer la rĂ©gion par calculs politiques au lieu de reprendre la main. Pedro Sánchez a agi «de mauvaise foi», a tancĂ© Miguel Tellado, le porte-parole du Parti populaire au parlement.
Des sources proches du gouvernement assurent de leur cĂ´tĂ© vouloir en temps utile dĂ©finir les Ă©ventuelles responsabilitĂ©s de chacun et les Ă©ventuelles dĂ©faillances dans la gestion de la catastrophe, tout en affirmant que le gouvernement a fait tout ce qu’il pouvait faire dans le cadre institutionnel actuel. Mais pour le maire socialiste d’Alaquas Toni Saura, «la coordination entre les administrations a Ă©tĂ© chaotique», selon des propos rapportĂ©s dans le quotidien valencien Levante . «C’est une honte nationale», abonde le comĂ©dien LĂłpez-Guitián, originaire de Valence. De retour d’une opĂ©ration de nettoyage, l’humoriste connu en Espagne sous le nom de Tonino fustige «un abandon de poste de toutes les institutions, car elles auraient dĂ» fonctionner et ne pas penser que quelqu’un d’autre le ferait Ă leur place».
Le Figaro