🇪🇬 Un des grands mystères de la construction des pyramides a enfin été percé

🇪🇬 Un des grands mystères de la construction des pyramides a enfin été percé

Pourquoi les anciens Égyptiens se sont-ils obstinés à construire leurs pyramides en plein désert, si loin du Nil, l’artère vitale de leur pays? Tout simplement car ils disposaient d’un itinéraire dont on soupçonnait seulement l’existence, et qui vient d’être mis à jour grâce à l’imagerie satellite radar.

Les pyramides d’Égypte ont suscité bien des fantasmes et des délires, certains soutenant encore mordicus qu’elles ne peuvent pas être d’origine humaine. C’est sous-estimer le talent architectural de nos lointains ancêtres, mais il n’empêche que des zones d’ombre demeurent. Comme la méthode employée par les anciens Égyptiens pour amener sur site les matériaux de construction.

Des chantiers à 7 km du Nil

Bâties il y a entre 4.700 et 3.700 ans, les grandes pyramides égyptiennes – de Khafre, de Khéops et de Mykérinos, ainsi que la grande pyramide de Gizeh – s’égrainent en une chaîne presque régulière. Ce qui fascinait d’autant plus les archéologues que la zone est désertique, et pas forcément facile d’accès, quand il s’agit de traîner des milliers de blocs de pierre de plusieurs tonnes chacun. Et ce, à notre connaissance sans utiliser la roue, de toute façon peu pratique dans un sol sableux. Or, le Nil, le fleuve navigable qui traverse le pays, se trouve à pas moins de 7 km à vol d’oiseau.

Un mystère logistique pour lequel on a enfin une réponse. Plus logique que des mystérieux engins volants d’origine extraterrestre, mais qui demande un certain effort d’imagination quand même, car le paysage était très différent à l’époque. Le complexe pyramidal emblématique était longé par un grand bras du Nil de 64 km de long, aujourd’hui disparu. Une explication logique, et déjà théorisée, vu que le Nil constituait l’artère vitale pour tout transport dans l’Égypte antique, et même bien après. Mais dont on n’avait pas la moindre trace auparavant.

“Personne n’était certain de l’emplacement, de la forme, de la taille ou de la proximité de ce méga cours d’eau par rapport au site des pyramides”, contextualise après de l’AFP Eman Ghoneim, de l’université de Caroline du Nord.

Cette découverte m’a rappelé le lien étroit qui existe entre la géographie, le climat, l’environnement et le comporte­ment humain

Eman Ghoneim

La chercheuse et son équipe ont utilisé l’imagerie satellite radar pour cartographier le bras de cette rivière disparue, appelée Ahramat (NDLR: “pyramides” en arabe) dont le cours est encore visible sous les zones désertiques et agricoles. Ensuite, des études sur le terrain et des carottes de sédiments prélevées sur le site ont confirmé ces observations.

De quoi imaginer que les pierres, venues de loin au sud, étaient bien transportées sur le Nil jusqu’à hauteur des pyramides. Mais nul besoin de les trainer sur les derniers kilomètres, comme imaginé jusqu’alors: il suffisait de remonter cet affluent, comme aujourd’hui, on emprunterait une sortie d’autoroute.

Un puissant cours d’eau victime de la sécheresse

De nombreuses pyramides possédaient une “allée cérémonielle surélevée” qui longeait la rivière avant de se terminer dans les temples de la vallée qui servaient de ports, décrit Eman Ghoneim. “Elle jouait donc un rôle clé dans le transport des énormes matériaux de construction et des ouvriers nécessaires à la construction des pyramides.”

Mais le débit du cours d’eau a fini par se réduire au fur et à mesure qu’il s’ensablait, jusqu’à une terrible sécheresse il y a 4.200 ans. “Le cours de l’eau et son volume ont changé au fil du temps, si bien que les rois de la quatrième dynastie ont dû faire des choix différents de ceux de la douzième dynastie” évoque la chercheuse. “Cette découverte m’a rappelé le lien étroit qui existe entre la géographie, le climat, l’environnement et le comportement humain.”

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