Qui sont les cinq jeunes suspects du viol collectif à Gand?

Qui sont les cinq jeunes suspects du viol collectif à Gand?

Le suicide d’une jeune gantoise après avoir été violée par cinq adolescents a laissé la Belgique sans voix. Les cinq suspects, âgés de 19 à 14 ans, se vantaient sur les réseaux sociaux d’appartenir à un gang qu’ils avaient eux-mêmes fondé: le gang de la place Van Beveren, du nom d’un quartier réputé difficile de la métropole flamande où ils aimaient traîner. 

La place Edmond Van Beveren (Van Beverenplein en néerlandais) est connue des Gantois pour être un quartier où la petite délinquance est omniprésente. Un événement sordide s’est produit non loin de là il y a six semaines et ce n’est probablement pas une coïncidence. 

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Le 15 mai dernier, une jeune fille de 14 ans a été violée par cinq jeunes dans le cimetière de Wester à Mariakerke. Ils ont pris des photos de l’agression et les ont ensuite partagées sur les réseaux sociaux. Quatre jours après son viol, la victime s’est donné la mort. Ce n’est qu’après sa disparition que ses proches ont compris son geste, après qu’une amie a informé sa mère. Après analyse des images, la police a pu identifier cinq auteurs présumés: trois mineurs de 14 à 15 ans, et deux adultes de 18 et 19 ans qui ont été arrêtés par le juge d’instruction. 

Un prétendu gang

L’âge des suspects est interpellant. Trois d’entre eux sont encore des enfants. Cependant, ce petit groupe était connu dans le quartier comme faisant partie d’un gang. C’est en tout cas ce qu’ils voulaient faire croire en publiant régulièrement des vidéos d’eux en train de jouer les durs. 

Le “gang de la Van Beverenplein” était devenu un véritable concept sur les réseaux sociaux, où les cinq jeunes étaient omniprésents, de Snapchat à Tiktok en passant par Instagram. Les adolescents utilisaient ainsi avec abondance l’abréviation “vbp”, en référence à la place où ils traînaient et d’où ils sont originaires.

 La place Van Beveren est située à la limite du centre-ville de Gand. Réputé sensible, cet endroit a été le théâtre de violences et le terrain de jeu de la petite délinquance ces derniers temps. L’année dernière, la police a dressé de nombreux procès-verbaux pour utilisation de fumigènes et de feux d’artifice, ainsi que non-respect du couvre-feu.

La place Van Beveren à Gand. © Wannes Nimmegeers

“Nous n’avons jamais pensé que ces cinq gars étaient capables de tels actes”

Les cinq suspects aimaient se faire passer pour un gang dangereux sur les réseaux sociaux. C’est pourtant un tout autre son de cloche qui est sorti de la bouche d’autres jeunes du quartier ce mercredi après-midi. Des prétendus gangsters qui ne sortaient pas beaucoup de chez eux, affirment certains jeunes qui connaissent bien les suspects. “Nous n’avons jamais pensé que ces cinq gars étaient capables de tels actes. Ça nous a vraiment choqués, comme tout le monde ici”, confie une adolescente, qui regrette que cette sombre histoire ternisse encore davantage l’image de son quartier.

La victime, qui habitait régulièrement avec sa mère à Gand, est entrée en contact avec l’un des suspects via les réseaux sociaux. Ils se sont échangés plusieurs messages avant de se donner rendez-vous au cimetière de Wester à Mariakerke, un endroit qui fait désormais office de parc à Gand. C’est là que les suspects ont piégé la jeune fille. 

Détention prolongée

La police a arrêté les cinq agresseurs présumés, trois mineurs et deux majeurs. Ces deux derniers suspects, âgés de 18 et 19 ans, ont été placés sous mandat d’arrêt pour viol, attentat à la pudeur ainsi que la prise et la diffusion de photos susceptibles de constituer une atteinte à l’intégrité d’une personne. Mercredi, la chambre du conseil de Gand a prolongé d’un mois leur détention.

Quant aux trois autres agresseurs présumés, mineurs, l’un a été placé en centre fermé à Everberg, tandis que les deux autres ont intégré une institution judiciaire pour mineurs à Wingene.

Le juge de la jeunesse devait confirmer le placement à “De Grubbe” endéans les cinq jours, ce qu’il a donc fait mercredi après-midi. Il y restera un mois de plus. Les avocats du jeune suspect n’ont fait aucun commentaire.

Toute personne ayant des idées suicidaires peut contacter la ligne d’écoute du Centre de Prévention du Suicide au 0800 32 123 (elle est anonyme, gratuite et disponible 24h/24). Plus d’infos sur www.preventionsuicide.be.

Rassemblement de soutien à Gand pour l’ado qui s’est suicidée, le Premier ministre présent

 Une veillée silencieuse a été organisée mercredi soir à Gand pour la jeune fille de 14 ans originaire de Gavere qui s’est suicidée après avoir été victime d’un viol collectif. Une centaine de personnes étaient présentes, dont le Premier ministre Alexander De Croo, le bourgmestre de Gand Mathias De Clercq et divers membres du collège échevinal. L’atmosphère était sereine.

Des messages avaient été écrits sur le sol à la craie: “Justice maintenant !”, “Croyez-nous”, “Ne blâmez pas la victime”, “Restez loin de nos corps”, “Ne dites pas à vos filles comment s’habiller, dites à vos fils comment agir”. L’organisatrice de cette veillée silencieuse, Jamila Channouf, a voulu lancer un appel. “Nous aimerions voir des messages comme celui-ci apparaître sur le trottoir partout en Flandre, des messages pour les agresseurs, mais aussi pour les victimes: en parler, porter plainte.

Le Premier ministre De Croo, resté en retrait, avait une motivation personnelle similaire pour assister à la veillée. “Je suis ici avant tout en tant que parent. J’ai moi-même des enfants de cette tranche d’âge de la même région, du même type d’école. Je veux apporter mon soutien aux parents et à toutes les personnes concernées.”

Comme beaucoup de Belges, le Premier ministre est choqué par ces événements tragiques. “Nous ne pouvons pas accepter qu’une jeune fille soit à ce point désemparée, ne trouve aucune aide et pose alors un geste fatal. La violence contre les femmes est une autre pandémie. C’est quotidien et il n’y a pas de place pour cela dans notre pays. Si les mesures qui sont en place aujourd’hui sont insuffisantes, alors nous devons prendre des mesures supplémentaires. Attendons le résultat de l’enquête et voyons ensuite ce qui est nécessaire”.

Deux minutes d’applaudissement ont suivi deux minutes de silence.

Source : 7sur7