🇺🇬 Après deux ans sans cours, les jeunes Ougandais retrouvent les chemins de l’école

🇺🇬 Après deux ans sans cours, les jeunes Ougandais retrouvent les chemins de l’école

En Ouganda, quelque 15 millions d’élèves ont repris le chemin de l’école ce lundi 10 janvier, après l’une des plus longues fermetures scolaires jamais vues dues à la pandémie. Pendant près de deux ans, seuls les élèves les plus privilégiés avaient accès à des cours à distance, les autres ont dû rester à la maison.

Dans cette école du quartier populaire de Nsambya à Kampala, Jane, 12 ans, uniforme à carreaux rouge et noir et cartable sur le dos, retrouve pour la première fois sa salle de classe depuis le premier confinement de mars 2020. « Je suis très contente : voir mes amis, apprendre, jouer m’avaient manqué. J’étais très triste à la maison, je devais aider en balayant, en lavant les habits et en lavant le sol », confie-t-elle au micro de notre correspondante dans la capitale ougandaise, Lucie Mouillaud.

Dans la cour, Moses est soulagé de voir ses quatre enfants revenir sur les bancs de l’école. Pendant cette période de fermeture des classes, le père de famille a essayé du mieux possible de maintenir leurs connaissances : « Le matin, je leur donnais des devoirs en partant travailler, et le soir, je m’asseyais avec eux pour les corriger. J’essayais de les occuper pour qu’ils restent le plus actif possible », raconte-t-il.

Dans le bidonville de Nsambya, la plupart des enfants n’ont eu aucun accès à des cours en ligne ou à la télévision, explique Joshua Bufamengo, l’un des enseignants. Le professeur observe déjà les conséquences de la fermeture des écoles. « Nous n’avons pas pu accompagner les enfants pendant cette période, sauf avec quelques parents qui pouvaient payer pour des photocopies, mais ce n’était qu’environ 10% des inscrits. Certains enfants n’ont pas fait un seul exercice depuis deux ans ! Certains ne savent même plus écrire leur prénom. » 

La salle de classe de Joshua Bufamengo est pour l’instant à moitié remplie : de nombreux parents, impactés par la crise économique, ont prévenu le professeur qu’ils ne pourraient pas payer les frais scolaires de leurs enfants pour cette rentrée. 

Soulagé

Professeur d’histoire d’un internat de filles à Massaka, au sud de la capitale, est soulagé de voir les écoles rouvrir, même si le pays est confronté à une troisième vague de Covid. « Les gens ont plus conscience maintenant des risques liés au Covid que durant la deuxième vague et donc, nous allons nous protéger. Il faut redémarrer l’économie et laisser les élèves retourner à l’école », affirme-t-il. Des protocoles sanitaires stricts sont en place comme la prise de température à l’entrée, masques, gel et un test Covid négatif pour les élèves de plus de 18 ans.

Le premier confinement, en juin 2020, a entraîné la fermeture des écoles et entreprises et mis l’économie au ralenti. « Ces deux dernières années n’ont pas été terribles. Certains, comme moi, ont pu recevoir quelque chose du gouvernement. D’autres enseignants n’ont pas eu cette chance. Et même dans les familles, c’était compliqué. Les élèves n’en pouvaient plus de leurs parents et les parents non plus. Cela a donné lieu à des disputes. Donc ce matin, lorsque je suis allé accueillir les étudiantes, elles étaient si heureuses ! Elles voulaient vraiment revenir à l’école et apprendre », ajoute le professeur.

Mais après près de deux ans sans cours, Ochen s’inquiète toutefois du niveau de certaines élèves. « Je me demande si elles ont trouvé le temps d’étudier. La plupart de nos élèves viennent des zones rurales et ont dû aider leurs parents à s’occuper des cultures. Est-ce qu’elles ont aidé leurs parents et étudié en même temps ou est-ce qu’elles ont seulement aidé leurs parents ? Ce n’est pas certain. »

Pour sa première leçon, ce professeur d’histoire a repris son cours, commencé deux ans plus tôt, sur le premier chemin de fer de l’Ouganda, pour vérifier si les élèves s’en souvenaient encore.

L’Ouganda a enregistré un total de 153 762 cas de Covid-19 pour 3 339 décès, selon les chiffres officiels arrêtés au 7 janvier.

RFI