Mali: le général Moussa Diawara arrêté dans le cadre de l’affaire Birama Touré

Mali: le général Moussa Diawara arrêté dans le cadre de l’affaire Birama Touré

Au Mali, le général Moussa Diawara a été arrêté ce jeudi 29 juillet et placé en détention à Bamako. De source judiciaire, il a été inculpé dans le cadre de l’enquête sur la disparition du journaliste Birama Touré, qui n’a plus donné signe de vie depuis janvier 2016. Elle vise également Karim Keïta, le fils de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta.

Ancien chef d’état-major de la Garde nationale, le général Moussa Diawara a surtout dirigé les services maliens de renseignements durant toute l’ère IBK, de son élection à la présidence en 2013 à son éviction par un coup d’État en août dernier. Il a été arrêté et inculpé, notamment de complicité d’enlèvement, de séquestration, d’actes de torture et d’association de malfaiteurs. Or des témoignages recueillis par l’ancien employeur de Birama Touré, le directeur de publication du Sphinx, Adama Dramé, actuellement réfugié en France, mettent justement en cause les services maliens.

Selon ces témoignages, recueillis auprès d’un militaire et d’un ancien co-détenu de Birama Touré notamment, le journaliste aurait été incarcéré dans une prison secrète de la Sécurité d’Etat, en dehors de tout cadre légal, torturé puis tué. 

Donneur d’ordres 

C’est vraisemblablement sur ces allégations que la justice malienne souhaite entendre l’ancien directeur des services maliens. Tout comme elle souhaite entendre Karim Keïta : le fils de l’ancien président, présenté comme un donneur d’ordres, fait depuis le début du mois l’objet d’un mandat d’arrêt international. Après le coup d’État qui a renversé son père, dont le général Moussa Diawara a dirigé les services de renseignement pendant sept années, il a fui en Côte d’Ivoire où il se trouve toujours actuellement.

Dans un autre registre, en août dernier, un rapport d’experts des Nations unies accusait le général Moussa Diawara d’entraver la mise en œuvre de l’accord de paix de 2015, en favorisant certains acteurs au détriment d’autres et en accumulant à dessein les retards. Les experts onusiens l’accusaient également d’avoir fait libérer des trafiquants de drogue en échange de versements d’argent.

Fastueux anniversaire

Discret de part sa profession, le général Moussa Diawara avait pourtant fait connaître ses fines moustaches aux Maliens en mars 2019, lorsque des vidéos de son fastueux anniversaire avaient circulé sur les réseaux sociaux. Pour ses 50 ans, celui qui dirigeait encore la sécurité d’État s’était offert les services de la star congolaise Fally Ipupa, avant de recevoir en cadeau un 4×4, sous les yeux de responsables politiques et militaires invités dans sa villa.

Au Mali, le général Moussa Diawara a été arrêté jeudi et placé en détention à Bamako. De source judiciaire, il a été inculpé notamment de complicité d’enlèvement, de séquestration, d’actes de torture et d’association de malfaiteurs, dans le cadre de l’enquête sur la disparition du journaliste Birama Touré, qui n’a plus donné signe de vie depuis janvier 2016. 

Joint par téléphone, maître Éric Moutet, l’avocat de la famille de Birama Touré, se réjouit que cette personne va pouvoir désormais être entendue par le juge. « Toute avancée de cette enquête en cours est un élément de réjouissance pour la famille, bien sûr. Sur une affaire qui traîne depuis maintenant plusieurs années, nous sommes véritablement ravis du coup d’accélérateur mis par le magistrat malien. »

Je ne sais pas son degré d’implication, ni si même s’il l’a été, mais en tout état de cause, en sa qualité de dirigeant de ce service, son audition est un élément de premier plan

« Je peux imaginer [sur quoi le juge souhaite l’entendre], dans la mesure où la personne qui a été arrêtée est un ancien directeur de la sécurité d’État, ajoute-t-il, nous avons un certain nombre d’éléments au dossier qui tendent à accréditer l’hypothèse d’une arrestation, d’une détention, et voire même de tortures au sein de ce service, de Birama Touré, il paraît logique que cette personne soit entendue par le juge d’instruction. Ça, c’est absolument incontournable. On en attend beaucoup, bien sûr puisque c’est quand même – je ne sais pas son degré d’implication, ni si même il l’a été -, mais en tout état de cause, en sa qualité de dirigeant de ce service, son audition est un élément de premier plan. »

RFI