🇧🇫 «Partout, ils tuaient des gens»: des hommes armés sèment la désolation dans le nord du Burkina

🇧🇫 «Partout, ils tuaient des gens»: des hommes armés sèment la désolation dans le nord du Burkina

Ces derniers jours, les attaques jihadistes sont de plus en plus nombreuses dans le nord et l’est du Burkina Faso. La plus meurtrière est celle qui a touché la localité de Seytenga, près de la frontière nigérienne, jeudi 9 juin.

Les hommes armés ont attaqué dans la nuit du 11 au 12 juin. Après une attaque contre la brigade de gendarmerie jeudi dernier, les forces de sécurité avaient quitté les lieux, après un ratissage des forces armées. C’est après leur départ que les hommes armés, qui sont arrivés à moto, ont fait irruption dans la localité de Seytenga pour s’en prendre aux populations, massacrant de nombreux civils.

« J’étais devant ma porte quand ils sont arrivés. J’ai cherché mon fils et j’ai trouvé plein de morts par terre. J’entendais des coups de feu », témoigne une habitante de la localité au micro du correspondant de RFI Fulfulde à Dori.

« J’ai cherché au marché, à la mosquée et à la banque… J’ai enfin pu joindre mon fils et nous sommes rentrés ensemble. À ce moment-là, les jihadistes étaient en train de convoyer les troupeaux de vaches, chèvres et moutons. Nous les avons vus, ils ont tout emmené avec eux », ajoute la femme.

« Quelqu’un qui a peur, il ne s’arrête pas pour compter »

Ils ont aussi semé la mort sur leur chemin : « Ils sont passés par le marché, par la route goudronnée, partout ils tuaient des gens. Partout dans la rue, il n’y a que des morts. Ils ont passé toute la nuit ici et sont repartis le lendemain. Ils ont tué un de mes petits frères », confie la riveraine.

Selon elle, « ils sont partis avec des femmes. Il y avait mes deux cousines qui portaient leurs enfants au dos. Ils les ont amenées en leur posant des questions. Ils les ont torturés avant de les libérer ».

La peur avait déjà saisi la ville depuis l’attaque de la gendarmerie, donc de nombreux civils avaient commencé à fuir en direction de Dori, à près de 50 km à l’ouest. Certains craignaient une expédition punitive. « Ils ont commencé par venir et entrer chez moi. Moi, j’avais dit à ma femme que si on lui demandait où j’étais, de dire que j’étais parti en voyage depuis 4, 6 ou 7 mois. Ils ont tout cassé dans le coin : les boutiques, la pharmacie, l’école, l’hôpital… Il y a eu beaucoup de morts, mais je ne sais pas combien, parce que quelqu’un qui a peur, il ne s’arrête pas pour compter », raconte un habitant.

Plusieurs centaines de déplacés

Le gouvernement a annoncé ce lundi 13 juin qu’une cinquantaine de corps avaient été retrouvés, en plus des 11 gendarmes tués. Mais « les recherches se poursuivent », a précisé lors d’une conférence de presse le porte-parole du gouvernement, Lionel Bilgo, laissant donc présager que le bilan pourrait s’alourdir.

Si l’attaque a fait de nombreux déplacés, plusieurs personnes sont revenues dans le village. « L’armée demande donc à toutes les populations de collaborer et de leur permettre de faire un comptage afin de livrer un bilan définitif de cette attaque ignoble », a déclaré le porte-parole, demandant aux habitants de signaler si un de leurs proches a été tué par ces hommes armés.

De son côté, la société civile et les autorités locales de Dori ont promis de prendre en charge les déplacés. Il n’y a pas de décompte officiel, mais l’estimation de plusieurs centaines de personnes, principalement des femmes et des enfants, est évoquée.

RFI