Le président Jovenel Moïse inhumé en Haïti

Le président Jovenel Moïse inhumé en Haïti

Un peu plus de quinze jours après l’assassinat du président Jovenel Moïse, des funérailles nationales sont organisées, vendredi 23 juillet, à Cap-Haïtien, grande ville du nord de l’île.

Pour l’événement, une vaste estrade couverte a été aménagée sur cette propriété privée située à la sortie de la ville de Cap-Haïtien. C’est là que repose déjà le père de Jovenel Moïse, décédé l’année dernière. Le président sera inhumé à ses côtés. Un mausolée doit même être construit, selon le journal Le Nouvelliste.

Le cercueil sera exposé le temps de ces funérailles nationales auxquelles plusieurs délégations ont prévu d’assister ce vendredi 23 juillet. Sont attendus des diplomates, des représentants de partis politiques ou d’institutions haïtiennes, ainsi que les proches et les amis de l’ancien chef de l’État.

Pour assister aux obsèques, certains citoyens et personnalités politiques de Jacmel, la grande métropole du sud-est du pays, vont effectuer le déplacement, mais d’autres hésitent, comme a pu le constater notre correspondante, Gina Lafontant.

« Le contexte est vraiment tendu »

Pour certains, l’hésitation vient de l’insécurité présente aujourd’hui dans la ville. « Le contexte est vraiment tendu »confirme Donald Germéus, journaliste à Cap-Haïtien et correspondant de Radio Télévision Caraïbes. « Mercredi, des partisans, des supporteurs de Jovenel Moïse qui étaient sur la place d’Armes du Cap-Haïtien s’en sont pris au cortège du directeur général de la police. Ils l’ont qualifié de « traître » et d’ »assassin » »ajoute-t-il, précisant que certains l’accusent d’avoir un rôle dans l’assassinat de Jovenel Moïse.

« On a fait mention de blocus sur ces routes nationales qui mènent à Cap-Haïtien. Des individus non identifiés ont incendié un pont. Il y a un jeune agronome également qui aurait été tué par balle au cours d’un mouvement de protestation attribué à des proches de Jovenel Moïse qui contestaient même la décision d’organiser les funérailles avant même de lui donner justice. Donc, pour le moment, il y a de la panique, de l’inquiétude à l’approche des funérailles nationales », poursuit le journaliste.

De leur côté, les organisateurs assurent que des mesures de sécurité spécifiques ont été mises en place pour encadrer cette cérémonie. Elle revêt un caractère national et officiel, bien que la veuve de Jovenel Moïse ait indiqué que la famille présidentielle prendrait les frais à sa seule charge, sans recours au Trésor public.

Série d’hommages

Plusieurs hommages ont déjà été rendus au président cette semaine, notamment à Port-au-Prince, la capitale. Des milliers de personnes sont déjà venues déposer des gerbes de fleurs ou écrire un mot dans le registre de condoléances des mairies de la région. Une messe a aussi été chantée jeudi à Cap-Haïtien avant les funérailles de ce vendredi dans une résidence privée de la famille Moïse.

L’une des cérémonies s’est déroulée en présence d’Ariel Henry, le nouveau Premier ministre qui a pris ses fonctions mardi, appuyé par la communauté internationale.

L’enquête toujours en cours

Plus de deux semaines après l’assassinat, l’enquête avance, selon la police nationale haïtienne. Vingt-six personnes au total ont été arrêtées et trois autres ont été tuées après la nuit tragique du 7 juillet. Quarante-cinq interrogatoires et treize perquisitions ont été menées au cours desquelles les autorités ont découvert une soixantaine d’armes à feu, dont certaines appartenaient à la police haïtienne.

Actuellement, trois ressortissants haïtiens sont recherchés, dont deux anciens policiers. Ils seraient aux États-Unis, selon Léon Charles, le directeur de la police nationale qui demande l’aide du FBI pour les appréhender.

D’autres personnes sont également recherchées parmi lesquelles Ashkad Pierre Joseph, un ancien diplomate et représentant à l’étranger d’Haïti qui pourrait également avoir trouvé refuge aux États-Unis.

Les commanditaires, eux, ne sont toujours pas connus. L’une des pistes explorées pour remonter à l’origine de ce complot est de suivre les mouvements de l’argent employé dans ce scénario. Une piste qui mène, selon la police haïtienne, à un certain Walter Veintemilla et son entreprise « Worldwide Capital Lending Group », basée en Floride.

Mais malgré ces avancées, de nombreuses zones d’ombres persistent. Les enquêteurs tentent notamment de savoir si les forces de l’ordre haïtiennes avaient été infiltrées et se posent toujours la question de savoir comment le commando a pu si facilement accéder à la résidence privée de Jovenel Moïse.

RFI