Assassinat de Jovenel Moïse: «Des suspects auraient des liens avec des agences américaines»
Près d’une semaine après l’annonce de l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse, de nombreuses questions restent sans réponse sur cette tragédie. Gotson Pierre, de l’agence haïtienne en ligne AlterPresse revient sur les derniers développements de cette affaire.
Qui a tué le président haïtien Jovenel Moïse, qui a commandité cet assassinat ? Dans ce pays qui subit une crise politique, économique, sécuritaire et sanitaire depuis de nombreux mois, les rumeurs les plus folles circulent, parmi lesquels les liens entre les suspects de l’assassinat du président et les États-Unis.
RFI : Gotson Pierre, où en est-on dans l’enquête près d’une semaine après l’assassinat de Jovenel Moïse ?
Gotson Pierre : À l’heure actuelle, 21 suspects ont été appréhendés dans la cadre de l’enquête, dont 18 Colombiens – des retraités de l’armée colombienne – et trois civils haïtiens. Trois Colombiens ont été tués et cinq autres seraient encore en cavale.
Par ailleurs, le responsable de la sécurité présidentielle, le commissaire divisionnaire Jean Laguel Civil, doit être auditionné ce mardi. Le responsable de la sécurité du palais présidentiel, le commissaire de police Dimitri Hérard, doit répondre aux questions des enquêteurs mercredi. Des mesures conservatoires ont été prises à leur encontre et ils ont été remplacés dans leur fonction.
Sur le site d’AlterPresse vous expliquez que de plus en plus de liens apparaissent entre les suspects et les États-Unis. De quels liens parlez-vous ?
Plusieurs des individus supposément impliqués dans cet assassinat avaient travaillé dans le passé en tant qu’informateurs des forces de l’ordre américaines. C’est ce qu’a révélé la chaîne d’information américaine CNN. Au moins un des suspects était une source confidentielle de la DEA (l’agence anti-drogue américaine). D’autres suspects arrêtés auraient également des liens avec d’autres agences américaines comme le FBI. C’est une entreprise de sécurité américaine qui dispose de filiale en Colombie qui a organisé le recrutement des membres du commando. Enfin, les trois Haïtiens arrêtés sont résidents aux États-Unis.
Tout cela alimente la crise politique en Haïti, même si certains acteurs tentent de trouver des solutions pour mettre en place une concertation entre la société civile et les différents secteurs politiques.
Il y a deux éléments à prendre en compte. Des organisations politiques de tendances diverses et de la société civile ont signé un protocole d’entente pour désigner le président du Sénat Joseph Lambert comme président provisoire et le docteur Ariel Henry (nommé par Jovenel Moïse avant son assassinat) comme Premier ministre. D’un autre côté, de nombreux secteurs de la société civile en accord avec plusieurs acteurs politiques optent pour une conférence politique qui déterminera elle-même la formule à appliquer pour sortir de cette crise.
Et puis il y a un nouvel élément : pour la première fois, le gouvernement américain encourage les acteurs politiques haïtiens à trouver un accord politique pour une sortie de crise. Une crise qui dure depuis des années selon les conclusions d’une délégation américaine qui était en Haïti, dimanche 11 juillet.
RFI