🇳🇪 Une intervention au Niger pourrait provoquer une “catastrophe”, prévient le Mali

🇳🇪 Une intervention au Niger pourrait provoquer une “catastrophe”, prévient le Mali

Une intervention militaire au Niger de l’organisation des États ouest-africains (Cédéao) pour rétablir le pouvoir du président Mohamed Bazoum pourrait être “une catastrophe”, a prévenu lundi à Bamako le chef de la diplomatie malienne, opposé à un recours à la force contre les putschistes à Niamey.

“La force militaire qui a été utilisée dans d’autres pays voisins ou dans d’autres contrées, on en voit les résultats. C’est une catastrophe”, a déclaré le ministre Abdoulaye Diop en présence de son homologue burkinabè Olivia Rouamba lors d’un événement visant à approfondir les relations bilatérales entre les deux pays. “L’Irak a été envahi pour apporter la démocratie. Vingt ans après, (le pays) se cherche. La Libye… on peut citer encore” d’autres États, a dit M. Diop, en allusion au chaos politique et sécuritaire dans ce pays nord-africain après une intervention internationale ayant provoqué la chute du régime de l’ex-dictateur Mouammar Kadhafi.

Incompréhension

“Le Burkina comme le Mali, nous nous opposons à toute idée d’une ingérence ou d’une intervention militaire extérieure pour répondre à des problèmes politiques internes”, a dit M. Diop. Il a dit ne pas pouvoir “comprendre que la Cedeao puisse disposer d’une force militaire pour aller rétablir des autorités déchues” au Niger et que “nous n’ayons jamais reçu une kalachnikov (un fusil d’assaut) pour nous aider” contre les attaques “jihadistes” (suite ci-dessous).

Niamey, Niger (3 août) © REUTERS

Crise majeure

Le Niger est plongé dans une crise majeure depuis un coup d’État militaire ayant renversé le 26 juillet le président Bazoum. Le coup d’État a été condamné par l’ensemble des partenaires occidentaux du Niger et la plupart des pays africains, mais les militaires nigériens ont reçu le soutien de leurs homologues du Mali et du Burkina Faso – également arrivés au pouvoir par des coups d’État en 2020 et 2022 et eux aussi confrontés à la violence djihadiste – qui affirment qu’une intervention au Niger serait une “déclaration de guerre” à leurs deux pays.

“Renforcer l’option politique et diplomatique”

La perspective d’une intervention armée suscite inquiétudes et critiques. Samedi, les sénateurs du Nigeria, poids lourd de la Cédéao avec ses 215 millions d’habitants et qui partage une frontière de 1.500 km avec le Niger, ont appelé le président Bola Tinubu à “renforcer l’option politique et diplomatique”. La Cédéao et les pays occidentaux réclament un retour à l’ordre constitutionnel et la libération du président Bazoum, retenu prisonnier.

“Encore possible” de mettre fin au coup d’État

Il est encore possible de mettre fin, par la diplomatie, au coup d’État au Niger, a déclaré lundi à Washington un porte-parole de la diplomatie américaine. “C’est encore possible. Nous pensons que la junte doit se retirer et permettre au président (Mohamed) Bazoum de reprendre ses fonctions”, a dit à la presse à Matthew Miller, porte-parole du département d’État.

L’usage de la force en “dernier recours”

Les dirigeants de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) vont à nouveau se réunir jeudi pour évoquer la situation au Niger, deux semaines après un coup d’État et la fin dimanche de leur ultimatum exigeant le retour à l’ordre constitutionnel sous peine d’utiliser la “force”. L’utilisation de la force est une solution “de dernier recours” pour la Cédéao, a relevé Matthew Miller, ajoutant que les États-Unis étaient “concentrés à trouver une solution diplomatique.” Il a également critiqué l’envoi d’une délégation officielle conjointe à Niamey par le Mali et le Burkina Faso, deux pays aussi gouvernés par des militaires. “Si nous pensions qu’ils envoyaient des émissaires pour tenter de rétablir les autorités démocratiques et l’ordre constitutionnel, nous verrions cela comme quelque chose d’utile, mais je doute fortement que ce soit le cas”, a déclaré le responsable aux journalistes.

7sur7